TOUT EST DIT

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samedi 21 juillet 2012

Destruction créatrice : ces effets positifs des délocalisations qu'on oublie trop souvent

L'affaire PSA remet au goût du jour certaines vieilles lunes françaises sur la mondialisation. Mais les injonctions comminatoires du gouvernement ne doivent pas faire oublier la réalité des faits.
Depuis que PSA a annoncé son plan de restructuration se joue en France un spectacle totalement ubuesque. Dans une cacophonie totale se succèdent pêle-mêle les injonctions comminatoires du gouvernement à l’attention des acteurs privés et des déclarations politiques contradictoires et d’une incohérence économique rare !
Le président de la République juge le plan « inacceptable » et son ministre du redressement productif multiplie les déclarations virulentes et excessives : le gouvernement « ne laissera pas faire » et est décidé à se substituer aux personnes privées (comme si l’Etat avait une meilleure stratégie industrielle !). Malheureusement, ils ne sont pas seuls : c’est la foire d’empoigne pour participer au "débat" sur la filière automobile.
D’un côté, on dénonce une stratégie pas assez internationale, de l’autre on critique ceux qui délocalisent !
PSA aurait ainsi raté le tournant de son internationalisation. C’est peut être vrai. Mais quelle incohérence d’entendre ces arguments de la part de ceux qui hier fustigeaient Renault parce que l’entreprise voulait ouvrir des usines au Maroc ou en Turquie. Arnaud Montebourg, alors chantre de la "démondialisation", dénonçait une « erreur ». Christian Estrosi (ancien ministre de l’industrie UMP) parlait d’un projet « dangereux et insoutenable pour notre pays ». De son côté, Guillaume Bachelay (PS) voyait dans la réaction offusquée de la Droite un « nouvel exemple de l’inefficacité de la politique gouvernementale malgré les moulinets du ministre de l’Industrie dans les médias » (sic ! et « big lol » !).
Dans le même temps, les mêmes (et d’autres), vantent et prônent toujours le « made in France » à tout prix. Le Gouvernement travaillerait ainsi à des projets visant à permettre le retour des "hotlines" en France et appelant à cesser de privilégier le consommateur au détriment du producteur : en clair, il propose de limiter la concurrence dans la téléphonie, pour que les opérateurs puissent augmenter leurs prix et par là préserver leurs marges et (soit disant) des emplois. Bref, il organise la protection des rentiers !
Pour se "rassurer", on peut constater que le débat américain ne vole pas beaucoup plus haut. Depuis quelques temps, le Président Obama, faute de pouvoir vendre son bilan économique indéfendable, a décidé de s’en prendre à la personne de son rival Mitt Romney (lequel riposte avec une  maladresse confondante). Le candidat démocrate, témoignant une fois de plus de son « analphabétisme économique de haut niveau » selon l’éditorialiste Clive Cook, dépeint donc son adversaire républicain en « délocalisateur en chef » et en « pionnier des délocalisations ».
La réalité, c’est que les chaines de production s’internationalisent toujours plus, en Europe et aux Etats-Unis. Et ce, pour le plus grand bien de tous !
De manière générale, la mondialisation et le processus continu de spécialisation accroissent l’efficacité globale. C’est d’ailleurs le consommateur qui en est le premier bénéficiaire : il achète moins cher, ce qui accroit son pouvoir d’achat. Comme le disait si bien Adam Smith : « la maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de fabriquer par lui-même ce qui lui coutera plus cher à fabriquer qu’à acheter ». On retrouve la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo, encore validée par une étude économique récente.

Ce processus coûte certainement des emplois à court terme dans le pays qui voit une entreprise partir. C’est un vrai sujet social et humain : la solution réside dans l’anticipation et l’accompagnement, pas dans le blocage réactionnaire. Surtout, les délocalisations créent des emplois à moyen et long termes ! Augmenter la délocalisation d’emploi de 1 % conduit à une augmentation de 1,72 % de l’emploi des salariés américains selon une étude de la London School of Economics. C’est la « destruction créatrice » ! Le prix Nobel Gary Becker l’avait expliqué sur son site : cessons de nous lamenter et préparons l’avenir !
Au demeurant, il faut modérer le rôle des délocalisations dans la destruction d’emploi industriel aux Etats-Unis  comme en France : selon la direction du Trésor, elles ne représenteraient que 25 % des pertes d’emploi du secteur ces trente dernières années et 20 % aux Etats-Unis. Le McKinsey Global Institute avait d’ailleurs relevé quelques contre-vérités en matière de commerce international, soulignant notamment que les économies développées ne perdent pas de terrain sur les pays émergents !
Les délocalisations ont du bon !
Les entreprises qui s’implantent à l’étranger (et y trouvent des débouchés !) sont plus efficaces, produisent moins cher, créent des emplois dans les pays d’implantation et d’origine. La concurrence les incite à innover… Bref, les délocalisations ont du bon ! A l’inverse, maintenir en France, pour le principe, des emplois dans des industries non performantes ne conduira qu’à retarder le moment de la restructuration, nuisant à l’économie globale et faisant payer le consommateur !
L’Etat devrait renoncer à se lancer dans la planification des mutations industrielles : il est un piètre visionnaire : qu’il laisse le marché innover et assumer ses risques. Le politique ne devrait pas bloquer ces processus économiques, mais les faciliter et surtout les accompagner, notamment en renforçant la formation initiale et continue et en prévoyant les mécanismes d’accompagnement nécessaire.



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