TOUT EST DIT

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samedi 21 juillet 2012

Le procureur Montebourg 


Dans le civil, Arnaud Montebourg était avocat. En politique, il s’est mué tout au long de sa carrière en procureur. Ses attaques contre Jacques Chirac, qu’il a traité en 2002 de « quasi-délinquant » et qu’il voulait faire traîner en Haute cour de justice, lui ont coûté un maroquin ministériel, du temps de Lionel Jospin et de la cohabitation. Chargé en 2008 de la rénovation au PS, il a endossé les habits de Saint-Just, l’accusateur public de la Terreur révolutionnaire, fidèle compagnon de Robespierre, pour s’attaquer aux fédérations corrompues. Le voilà au gouvernement, et il s’est trouvé une nouvelle croisade, contre PSA. Le ministre du Redressement productif qui tire à vue sur l’un des fleurons de l’industrie nationale : c’est du jamais vu. Il faut dire que François Hollande lui a ouvert la voie, en accusant le groupe Peugeot de « mensonge », le 14 juillet.
Nous n’allons pas défendre ici les choix stratégiques de Peugeot, à bien des égards contestables. Mais il faut savoir raison garder : on ne peut pas accuser le groupe de tous les maux de la Terre. S’il est en mauvaise posture, c’est d’abord parce que les ventes de voitures sont en chute libre sur ses marchés du sud de l’Europe, et aussi parce qu’il a voulu produire en France, pendant que son concurrent Renault réduisait ses effectifs en douce pour investir à l’étranger. S’en prendre à la famille Peugeot est facile. Montebourg pourrait aussi se souvenir que, contrairement à Louis Renault qui a collaboré avec les nazis, du temps de l’occupation, Rodolphe et Jean-Pierre Peugeot ont facilité les sabotages de leurs ateliers sochaliens par la Résistance pour entraver l’effort de guerre allemand. Le patriotisme des Peugeot vaut celui de bien des ministres.
Ce n’est pas en affaiblissant PSA – son image ainsi que le cours de son action en bourse – que l’on défend l’automobile française ! Montebourg reste campé sur une position dogmatique qui n’a jamais sauvé un seul emploi. Il se comporte comme s’il était toujours dans l’opposition, alors même qu’il peaufine un plan de relance de la filière automobile qui va demander un effort national. Et qu’il faudra bien mettre en œuvre de concert avec les deux constructeurs français tant honnis.
Le gouvernement n’a pas fini de pratiquer le grand écart entre la pensée prêt-à-porter gauchiste des années soixante-dix et la réalité du XXI e siècle. Le déchirement musculaire guette. Et c’est l’industrie française qui en souffrira.

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