TOUT EST DIT

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samedi 21 juillet 2012

Roulette russe 


Mais quel jeu cruel jouent donc les Russes en Syrie, en s’opposant continuellement aux résolutions de l’ONU ? Pourquoi leur indéfectible soutien à Bachar al-Assad entouré de milliers de « conseillers » dépêchés par le Kremlin, jusqu’à l’envoi de navires de guerre qui en ce moment font cap sur la Syrie ?
Les explications « classiques » ne suffisent plus. Prétendre qu’un autre régime syrien chasserait la flotte russe de son unique base en Méditerranée, celle de Tartous sans grand intérêt stratégique, n’a guère de sens. Insister sur le monopole russe du marché des armes, non plus : Damas est incapable de payer.
D’autres raisons de cet engagement sont plus obscures. Ainsi Moscou, par Assad interposé, réglerait ses comptes au fondamentalisme sunnite, soutien de la rébellion en Syrie… et du terrorisme dans le Caucase. Et comme au temps des tsars, le Kremlin se verrait aussi protecteur des minorités chrétiennes potentiellement en danger car favorables au pouvoir alaouite. Des chrétiens surtout orthodoxes chers au Patriarcat de Moscou qui ne ménage pas son appui au système Poutine…
La réalité est plus pragmatique encore. La Russie mise sur l’impuissance de l’Occident, quitte à ne pas écarter une déflagration générale au Moyen-Orient avec les conséquences que l’on sait sur l’approvisionnement pétrolier. Un Occident qui, au nom de principes humanitaires, adouberait aujourd’hui des courants fondamentalistes musulmans. En invoquant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à renverser la tyrannie. Donc en invoquant aussi cette démocratie qui sait rassembler des dizaines de milliers de manifestants anti-Poutine à Moscou. Une démocratie dont le Kremlin et la Douma détricotent les derniers maillons russes…
Les « niet » sur la Syrie s’adressent également aux Etats-Unis, à une administration Obama paralysée au Moyen-Orient mais – au grand dam de Moscou – toujours partisane, via OTAN interposée, du bouclier antimissiles en Europe. Quant à la Chine, au diapason du veto russe, elle sait profiter de la situation : l’impuissance occidentale doublée par la crise financière en Europe fait oublier tous les griefs à son encontre.
Et pendant ce temps, le sang coule.

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