dimanche 17 juin 2012
Vague "d'antihollandisme” sur le web : moins visible mais plus organisé que l’antisarkozysme
Alexandre Villeneuve : L'une des composante de cette tendance est entretenue par des mouvances d'extrême droite. Assez organisées, leurs démarches circulent car elles sont relayées par la presse.
Dans tous les cas, ils comptent sur les images et sur le net pour faire
connaître leurs initiatives. On est là dans le modèle de l'apéro
saucisson-pinard qui avait beaucoup fait parler il y a quelques mois.
L'UMP, de son côté, a toujours été très active sur le net, même sous Nicolas Sarkozy. Des actions ont régulièrement été menées contre le Parti socialiste. On se souvient par exemple de l'achat des AdWord achetés pour dénigrer le PS, une démarche qui a été interdite par la justice.
Les militants de droite peinent à trouver les détails auxquels se raccrocher pour nourrir le buzz contre François Hollande.
L'un de ceux qui a relativement fonctionné, c'est l'image des drapeaux
étrangers sur la place de la Bastille. Ces photos ont été largement
reprises par une partie de la droite, mais surtout par le Front national
et le Bloc identitaire.
Dans l'ensemble, les
campagnes virales mises en place sont relativement classiques. On prend
une information et on cherche à la faire circuler via les réseaux
sociaux et les blogs afin de capter l'attention de sites plus
généralistes. Là encore, l'extrême droite a créé ses propres outils pour
diffuser une information orientée : Metamédia, qui est un wikipédia
version extrême droite ou encore des sites comme Novopress ou Fdesouche
qui font office de médias attitrés à ces mouvances. Autant de relais qui
doivent permettre de donner du souffle aux messages anti François
Hollande. D'autant plus qu'ils n'ont pas toujours facilement accès à la
presse.
Au départ, les réactions contre François Hollande ne sont pas très spontanées.
Le tout semble plutôt oganisé. Nicolas Sarkozy, lui, a rapidement fait
des erreurs qui ont mobilisé contre lui des vagues de contestations
directement issues de la communauté web.
L'affaire
du tweet de Valérie Trierweiler pourrait donner de la matière à des
remarques plus spontanées. C'est à la fois gênant, d'un point de vue
politique, et drôle, d'un point de vue Internet. Ce type
d'incidents est d'autant plus enclins à donner lieu à des campagnes web
que les internautes aussi bien de gauche que de droite peuvent être
agacés.
Nicolas Sarkozy, déjà en tant que
ministre, s'était mis beaucoup de monde à dos. Les rancoeurs tournées
vers lui étaient plus fortes que les oppositions qui existent pour
l'instant contre François Hollande. L'ancien président est d'ailleurs le seul, à ma connaissance, à avoir fait l'objet d'un Google bombing :
suites à des recherches massives associant son nom à « Iznogoud » puis à
« trou du cul du web », on tombait sur des pages de Nicolas Sarkozy.
Hors pour qu'une telle action fonctionne, il faut qu'elle soit relayée
par des personnes influentes et par un nombre massif d'utilisateurs.
Il faut aussi prendre en compte le fait que François Hollande ne s'est pas encore fâché avec la communauté du web.
Nicolas Sarkozy, au contraire, en mettant en place toutes les
politiques liées à Hadopi, a participé à son statut de paria du net.
Dans la foulée, une succession d'erreurs ont contribué à aggraver le
phénomène. Le Libdup réalisé par les jeunes de l'UMP, par exemple, n'a
en rien arrangé les choses : d'autant plus qu'ils n'avaient pas les
droits sur cette musique !
Cela dit, il ne faut
malgré pas tout oublié quelque chose : François Hollande vient tout
juste d'être élu, il faudra qu'il tienne tout son quinquennat sans
commettre ce genre d'erreurs. Les choses peuvent rapidement et facilement déraper : il suffit d'un tweet.
Pour l'instant, il cherche même plutôt à arrondir les angles, en
remettant Hadopi en cause par exemple, ce qui pourrait lui assurer une
certaine magnanimité de la part des internautes.
Pour que de telles campagnes fonctionnent, il faut qu'elles reposent sur des erreurs réelles et flagrantes. François Hollande a évité de commettre de telles erreurs jusqu'ici. Le
tweet de de Valérie Trierweiler pourrait être la base pour une telle
démarche. Le vol en avion de Tulles à Paris le soir de l'élection
peut-être une autre affaire qui le poursuivra.
Les
vidéos que font régulièrement aussi bien la droite que l'extrême-droite
ne réussissent pas à prendre car il n'y a pas un problème marquant pour
stimuler l'aspect viral de ces éléments. Le yacht de Vincent Bolloré ou
la célébration de l'élection de Nicolas Sarkozy au Fouquet's ont joué
ce rôle en 2007.
C'est
déjà arrivé. Si elle paraît crédible et qu'elle est bien étayée, cela
peut fonctionner, même si cela reste dans le domaine de la rumeur.
Nicolas Sarkozy et ses proches trainent beaucoup de casseroles, qui ont
été très visibles et médiatisées. Des éléments ont circulé sur le net
sans toujours être vérifié, par exemple dans le cas du dossier
Bettencourt.
Dans ces cas-là, le tout est d'être réactif et de vite désamorcer ces rumeurs.
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