dimanche 17 juin 2012
Attention, insouciance !
Les Français sont invités aujourd’hui à accomplir leur « devoir
civique ». Une expression ambiguë, car son juridisme efface la notion de
plaisir, en évoquant un autre terme, celui de « devoir conjugal » :
deux mots qui, associés de cette manière, évoquent l’ennui davantage que
le bonheur.
Dans la mesure où la frontière entre vie publique et
vie privée est de plus en plus ténue, ce rapprochement ludique entre les
débats démocratiques et les ébats nous sera pardonné. D’autant que la
fin de campagne s’est placée sous le signe du gazouillement – tweet en
anglais – qui a donné son nom au réseau social « Twitter », dont plus
personne n’ignore l’existence, depuis qu’il a été popularisé par la
Première dame.
Le pays a peut-être manifesté son besoin de
distraction en accordant une telle place, en partie justifiée, en partie
démesurée, à cet incident qui joint le futile au désagréable. Il a
surgi dans les médias et dans les conversations, à l’issue d’une
séquence particulièrement copieuse, avec préambule des primaires à
l’automne dernier, puis quatre épisodes, dont le dernier se déroule ce
dimanche, second tour des législatives. Jamais une séquence électorale
n’aura été aussi longue, véritable feuilleton dont l’épisode
présidentiel est privilégié par la Constitution.
Une envie de
souffler, voire de penser à autre chose est dans l’air, mais cette
perceptible légèreté est trompeuse, puisque l’inquiétude est palpable
dans la population. Elle est surtout dangereuse, car le moment est mal
choisi pour fuir la réalité, via l’abstention par exemple, qui a franchi
il y a une semaine un niveau record.
L’Europe va de sauvetage en
sauvetage sans rien sauver durablement – et aujourd’hui, les regards
doivent se porter au moins autant sur les élections en Grèce que sur
celles qui se déroulent en France –, l’Hexagone ne tourne pas rond, ni
économiquement, ni socialement. Notre avenir ne peut s’inscrire que dans
un dessein collectif et le vote est l’un des moyens les plus pertinents
de participer à son élaboration.
Laisser un peu de place à la
légèreté peut se concevoir. Mais de l’insouciance à l’inconscience, il y
a un pas à ne jamais franchir…
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