L'armée libyenne aurait tué 12 personnes samedi à Benghazi, portant à au moins 104 le nombre total de morts en cinq jours selon Human Rights Watch. Les manifestations ont repris samedi à Alger, au Bahreïn, au Yémen et à Djibouti. Les Marocains sont appelés à défiler pacifiquement ce dimanche.
• La répression en Libye aurait fait entre 77 et 104 morts
Le bilan des émeutes des quatre derniers jours en Libye atteint au moins 77 morts, selon un décompte tenu par l'AFP. Le bilan s'est encore alourdi samedi après que l'armée a ouvert le feu sur des opposants au régime qui attaquaient une caserne à Benghazi. Des témoins interrogés par la BBC ont fait état de tirs à l'arme lourde par les militaires, notamment des tirs d'obus de mortier. Au moins douze personnes auraient perdu la vie, et de nombreuses autres on été blessées. Selon la chaîne de télévision al-Jezira, les hôpitaux manquaient de sang pour les soigner.
L'ONG Human Rights Watch (HRW), qui se base sur des sources médicales et des témoins, affirme de son côté que le nombre total de morts depuis le début du mouvement dépasse les 100 morts, selon la BBC.
Le mouvement contre Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, semble se transformer en véritable insurrection dans l'est du pays. Pour tenter de limiter les appels à la mobilisation via les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, l'accès à internet à été coupé dans la nuit de vendredi à samedi, puis de nouveau dans la nuit de samedi à dimanche.
Le procureur général a ordonné l'ouverture d'une «enquête» sur les violences et a appelé «à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages». Le colonel Kadhafi n'a toujours pas fait de déclaration officielle, mais les comités révolutionnaires, pilier du régime, ont promis vendredi aux «groupuscules» à l'origine des manifestations une riposte «foudroyante».
Parallèlement, les autorités libyennes ont annoncé avoir arrêté dans «certaines villes» des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un «réseau» ayant pour mission de déstabiliser le pays, a rapporté l'agence de presse officielle libyenne Jana.
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• Appel à des manifestations pacifiques au Maroc
Des manifestations «pacifiques» sont convoquées dans plusieurs villes du pays à l'appel sur Facebook d'un groupe de jeunes, pour exiger des réformes politiques «urgentes et profondes». Le royaume du Maroc a jusqu'à présent été épargné par le vent de fronde populaire qui s'est levé en Tunisie pour s'étendre à l'Egypte et à de nombreux pays arabes.L'un des fondateurs de l'Appel du 20 février, Rachid Antid, a décidé samedi de se retirer de cette manifestation «à cause de l'entrée en jeu de certains mouvements avec lesquels ne ne sommes pas d'accord sur le plan idéologique, comme le mouvement islamiste Justice et bienfaisance et certains groupes de l'extrême gauche».
• Bahreïn : nuit calme pour les manifestants à Manama
Des centaines de protestataires ont passé une nuit sans encombres sur la place de la Perle, dans le centre de la capitale Manama. L'armée, qui était déployée dans la ville depuis jeudi en réaction à une manifestation contre le régime, s'était retirée la veille de ce centre névralgique de la contestation.C'est le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa qui a ordonné à la police et aux militaires de rester à l'écart des manifestants. Il a ainsi satisfait partiellement les voeux de l'opposition. Mais cette dernière exige également la démission du gouvernement actuel avant d'entamer le dialogue politique proposé par le prince héritier.
L'union générale des syndicats de Bahreïn a de son côté appelé à une grève générale illimitée à partir de ce dimanche pour exiger la liberté de manifester pacifiquement sans intervention des forces de l'ordre.
Vendredi soir, l'armée a tiré sur des manifestants à Manama, faisant des dizaines de blessés parmi les opposants au régime. La répression de leur mouvement a fait six morts en moins d'une semaine, et au moins 95 blessés, selon un responsable de l'opposition chiite, Abdel Jalil Khalim Ibrahim.
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• A Alger, les manifestants, repoussés et dispersés par la police, promettent de revenir exprimer leur colère tous les samedis D'importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé samedi les manifestants venus exprimer à Alger leur volonté de faire tomber le pouvoir en place. Aux cris de «Pouvoir assassin» ou de «Vive l'Algérie libre et démocratique», les opposants au régime ont à nouveau promis de revenir tous les samedis manifester leur colère. Il s'agissait samedi de la deuxième mobilisation de ce type en huit jours.
Environ un millier de manifestants ont été bloqués dans une rue adjacente au lieu de rendez-vous par un cordon de policiers. La manifestation de la semaine passée avait été bloquée de façon similaire. Mais quelque 200 personnes ont néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-Mai à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Les manifestants ont scandé «Algérie libre et démocratique», «Pouvoir assassin» ou «Le peuple veut la chute du régime».
Alors que les différentes sources faisaient état d'un rassemblement moins violent que samedi dernier, un député du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbes, a été blessé pendant un affrontement avec la police. Il a été «agressé par au moins deux policiers», a affirmé le chef du groupe parlementaire du RCD. «L'un d'eux lui a donné un coup de pied au ventre et un autre au visage. Il s'est écroulé à terre et sa tête a heurté le sol». Tahar Besbes «souffre d'un traumatisme crânien avec perte de connaissance, d'un polytraumatisme très probablement de plusieurs membres. La direction de la protection civile d'Alger a affirmé de son coté que Tahar Besbas n'avait «absolument rien» et qu'il avait été pris d'un malaise. Il y aurait également eu une dizaine d'autres manifestants blessés, selon la CNCD.
Face aux contestataires, une vingtaine de jeunes gens favorables à Abdelaziz Bouteflika brandissaient des portraits du président en scandant : «Policiers, laissez-nous en découdre avec eux».
La CNCD, constituée de membres de la société civile et de syndicats autonomes, a été créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières du début de l'année en Algérie qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés.
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• Un étudiant et un adolescent tués par balles au Yémen
Un étudiant a été tué par balle et cinq autres ont été blessés lors d'une bataille rangée entre des manifestants et des partisans du régime à Sanaa. Ce décès, démenti samedi par le ministère de l'Intérieur, porterait à plus de dix le nombre de morts dans le pays depuis le début de la contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, il y a neuf jours.Lors des heurts samedi matin, les partisans du régime ont tenté d'entrer de force dans l'enceinte de l'université de Sanaa, d'où partent régulièrement les défilés contre le président Saleh. Certains ont tiré à balles réelles sur les étudiants qui leur bloquaient l'accès.
Un peu plus tôt, trois personnes avaient été blessées, dont deux fillettes de 9 et 11 ans, lorsque la police avait ouvert le feu pour disperser un rassemblement de centaines de personnes, venues défiler à Aden après les funérailles d'un manifestant.
Le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a tenté sans succès de désamorcer la contestation en promettant dès le 3 février, en pleine crise égyptienne, de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013 et de ne pas se faire succéder par son fils.
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• Reprise des troubles à Djibouti
Des troubles ont également eu lieu à Djibouti où des affrontements ont repris samedi matin dans une banlieue populaire entre forces de l'ordre et partisans de l'opposition, qui réclament la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh. La situation dans la capitale elle-même, quadrillée par les forces de l'ordre, est cependant restée calme tout l'après-midi.
Les violences avaient éclaté vendredi soir à l'issue d'un rassemblement de plusieurs milliers de partisans de l'opposition exigeant le départ du président Guelleh, faisant deux morts. De source officielle, il s'agit d'un manifestant et d'un policier. Neuf autres policiers ont été blessés, dont un se trouve dans un état critique, selon la même source.
Le gouvernement a dénoncé ces «actes de violences et de vandalisme», accusant les protestataires d'avoir «attaqué» les forces de l'ordre, alors «dans l'obligation de faire usage de gaz lacrymogènes pour se protéger contre une foule surexcitée et violente». Trois des principaux dirigeants de l'opposition djiboutienne ont par ailleurs été arrêtés samedi et placés en garde à vue, a annoncé le Procureur de la république Djama Souleiman. Deux d'entre eux ont été libérés samedi soir, selon la télévision d'Etat.
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