TOUT EST DIT

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vendredi 4 novembre 2011

Tragédie en plusieurs actes

Les soubresauts de la crise grecque ont occupé, hier, la scène du G20 à Cannes où les grandes puissances ont exhorté l'Europe à résoudre ses problèmes. À Athènes, le Premier ministre a appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Papandréou se dit prêt à retirer son référendum.
Nouveau rebondissement, hier: Georges Papandréou, a quasiment enterré son projet contesté de référendum sur le plan européen de sauvetage de la Grèce pour tenter d'éviter à son pays en crise politique aigüe, la faillite et la sortie de l'euro. À la tête d'un gouvernement déchiré, le Premier ministre grec, aux prises depuis des mois avec la tentaculaire crise de la dette en zone euro, a ainsi fait une concession de taille en se disant prêt à retirer son projet controversé. Le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, poids lourd de la majorité socialiste, ainsi que d'autres ministres avaient exprimé, hier matin, leur opposition au projet de référendum, annoncé pour le 4décembre.

Un bras de fer engagé à Athènes.
Face à la crise politique qui s'ajoute à la crise financière, l'opposition de droite grecque a, elle, appelé à la formation d'un gouvernement de transition pour «garantir» le plan de sauvetage, ce à quoi elle se refusait jusqu'à présent. «Ma position est claire, il faut commencer dans l'immédiat les discussions pour la formation d'un gouvernement de large consensus afin d'assurer la normalité dans la situation politique, l'application de l'accord européen de Bruxelles et entamer ensuite la procédure électorale», a affirmé, hier soir, le Premier ministre socialiste dont l'opposition réclame la démission.


Le nombre des députés du Parti socialiste au pouvoir, le Pasok, est de 152 sur un total de 300 du Parlement mais plusieurs députés socialistes ont menacé de voter contre Georges Papandréou s'il ne mettait pas sur pied un gouvernement de coalition.

Merkel demande «des actes».
Ce nouveau coup de théâtre dans une tragédie grecque qui n'en finit plus de rebondir a été, en tout cas, applaudi par les dirigeants du G20. «Pour nous, ce sont les actes qui comptent», a néanmoins averti la Chancelière allemande Angela Merkel. «L'important, c'est qu'il y ait vite un "oui" pour les décisions du 27octobre», a-t-elle ajouté. «Les choses progressent», a estimé le président français, Nicolas Sarkozy

Pas un centime d'aide.
Angela Merkel a réaffirmé l'ultimatum lancé mercredi soir à Georges Papandréou, convoqué pour l'occasion à Cannes: les Européens et le Fonds monétaire international ne verseront pas un centime du prêt de huit milliards d'euros tant qu'Athènes n'aura pas adopté le plan de la zone euro.

Bruxelles dramatise les enjeux.
La Commission européenne a, elle, prévenu qu'en l'état des traités, une sortie de la zone euro n'était pas possible «sans sortie de l'Union européenne» tout entière.

L'Italie en ligne de mire.
Pendant ce temps, l'Italie, troisième économie de la zone euro et principale cible des investisseurs en cas de propagation de l'incendie, était plus que jamais sous le feu des attaques des marchés. Le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a tenté de rassurer en présentant les nouvelles mesures anticrise. «La question n'est pas tant le contenu du paquet que"est-ce que ce paquet sera mis en oeuvre?"», a averti Nicolas Sarkozy.

La Chine prudente.
Pékin, sollicité pour soutenir la zone euro engluée dans la crise de la dette, a prévenu que son aide dépendait justement de la capacité du Vieux Continent à mettre en oeuvre son plan de sortie de crise.

«La vie pour les Grecs sera plus dure pendant longtemps»

Jérémy Morvan, docteur en gestion spécialisé dans les marchés financiers, est directeur à Brest de l'IAE (Institut d'administration des entreprises). Questions sur l'état de la Grèce et les enjeux.



La Grèce peut-elle s'en sortir?
Quels que soient les scénarios, la vie pour les Grecs sera plus dure pendant longtemps. Ce pays endetté a un problème de capacité de croissance. Il n'a pas de recettes, avec une économie souterraine extrêmement importante et un problème civique par rapport à l'impôt.

Pourquoi est-elle entrée dans l'Europe?
En récompense de la fin de la dictature. L'État grec est aussi peu crédible. Dans les années 2000, il a camouflé une partie de sa dette en escamotant les statistiques macroéconomiques avec l'appui de banques américaines, notamment Goldman Sachs.

Quels sont les risques pour la zone euro ?
La Grèce joue avec le feu avec elle-même et les autres. Si l'Espagne et l'Italie sont touchées, c'en est fini de la zone euro. La dette française commence elle-même à décrocher de l'allemande.

Que représente la Grèce dans le produit intérieur brut de la zone européenne?
2%. C'est à peu près un an de croissance de la zone euro en temps normal. Actuellement, ce niveau est inférieur.

Si la Grèce convertit sa dette en drachmes, les créanciers vont-ils se battre juridiquement?
Les conséquences sont éternelles. Souvenez-vous des emprunts russes du Tsar vis-à-vis de la France. Autre exemple: à la déchéance de Napoléon, des princes allemands réclamaient le remboursement d'emprunts réalisés au XVIe siècle.

En 2001-2002, l'Argentine a connu une crise. Comment s'en est-elle sortie?
C'était plus une crise bancaire qu'une crise de la dette souveraine. Le peso s'était «dollarisé», à un moment de boom aux USA. Cet adossement n'a pas résisté à la confrontation à l'économie réelle. La crise a été lourde mais il y avait un potentiel de croissance et c'est reparti.

Et la crise russe de 1998?
L'État décrète un moratoire. C'était sept ans après la fin de l'URSS. Il n'avait pas de recettes fiscales mais des recettes budgétaires, avec les entreprises minières et énergétiques. Mais ce revenu a baissé du fait de la crise dans le Sud-Est asiatique en 1997. La dette russe n'était toutefois pas très importante et la solution passant par le FMI, des banques étrangères et quelques États a suffi.

Les marchés financiers ne dictent-ils pas davantage leurs lois que les États?
Les marchés financiers ne sont pas des parangons de vertu mais sont des mécanismes de coordination. Et ils arrivent à se coordonner plus vite que ne le font les gouvernements. Si les politiques veulent reprendre le pouvoir, il faut qu'ils se mettent d'accord.

Le G20 se préoccupe de la régulation économique et financière mondiale. Peut-on être optimiste?
La City est la première place financière au monde, New York la seconde. Cela représente beaucoup d'emplois à forte valeur ajoutée, et du lobbying. Elles n'ont pas forcément intérêt à réguler. Et les Chinois, de leur côté, ne veulent pas entendre parler de leur yuan sous-évalué.

Quelles sont les contraintes?
Trois sphères sont à l'oeuvre, les finances publiques, les marchés financiers et la sphère politique. Chacun a son mode de fonctionnement. Il faut faire marcher ensemble trois roues dentées, qui n'ont pas le même rythme, le même format et qui se touchent à peine. C'est beaucoup de contraintes.

Contre toute attente, la BCE abaisse son taux directeur

Pour son baptême du feu à la tête de la Banque centrale européenne, l'Italien Mario Draghi a pris une décision surprise: la BCE a abaissé, hier, son principal taux directeur de 25 points de base à 1,25%, et ce malgré une inflation de 3% en octobre. Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne est l'outil central dont elle dispose pour influer sur l'octroi de crédits et contrôler l'évolution des prix en zone euro. Économistes et marchés attendaient un geste fort de sa part en réaction à la crise de la zone euro, mais pas forcément sur les taux directeurs dès ce mois-ci. La BCE fait ainsi marche arrière, cinqmois à peine après avoir augmenté son taux de 25 points de base. Reste que la BCE s'est, une nouvelle fois, refusée à jouer le rôle de rempart contre la contagion de la crise de la dette dans la zone euro. Interrogé sur la possibilité de voir la BCE augmenter ses rachats d'obligations publiques de pays en difficulté de la région, Mario Draghi a rétorqué que «la façon de réagir n'est pas de compter sur une aide extérieure» mais pour ces gouvernements de compter sur «leur capacité à se réformer eux-mêmes».

Rebond sur les marchés

Revigorés par la baisse du taux directeur de la BCE et la perspective d'une annulation du référendum en Grèce, les marchés financiers ont rebondi, hier, tout en restant prudents: la Bourse de Paris a terminé en hausse de 2,73%.

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