TOUT EST DIT

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vendredi 4 novembre 2011

Grèce : et s'il n'y avait pas de référendum?

En annonçant la tenue d'un référendum sur le plan d'aide à la Grèce, le Premier ministre, Georges Papandréou, a joué son va-tout. Une initiative qui pourrait se terminer par sa démission, alors que son gouvernement devrait perdre la confiance du Parlement vendredi soir. Des élections anticipées seraient alors convoquées et l'opposition devrait l'emporter. Le problème ne sera pas réglé pour autant, l'opposition ayant d'ores et déjà annoncé son intention de renégocier le plan d'aide à la Grèce. 

"Son départ est une question d’heures. Il n’aura plus la majorité au Parlement lors du vote de confiance prévu vendredi." Interrogé mardi par leJDD.fr après l'annonce de l'organisation d'un référendum en Grèce sur le plan d'aide voté par l'Union européenne, Georges Prévélakis, professeur de géopolitique à l'Université Paris I et spécialiste de la Grèce, avait vu juste.
Selon toute vraisemblance, le Premier ministre grec devrait en effet perdre sa courte majorité lors du vote de confiance organisé vendredi soir au Parlement. Déjà cinq ministres - dont celui des Finances, Evangélos Vénizélos, numéro deux du gouvernement et poids lourd de la majorité, ont en effet annoncé leur désaccord avec l'organisation d'un référendum le 4 décembre, qui devrait porter, à la demande notamment de Paris et Berlin, sur le maintien de la Grèce dans la zone euro. "L'entrée de la Grèce dans l'euro est une conquête historique du peuple grec qui ne peut pas être mise en question. Ceci ne peut pas dépendre d'un référendum", a ainsi déclaré le ministre grec des Finances. Plusieurs élus de la formation au pouvoir, le Pasok, ont également exprimé leur opposition à la démarche de Papandréou. Deux députées ont notamment annoncé jeudi sur leur site qu'elles ne voteraient pas la confiance réclamée par le Premier ministre.

Un gouvernement d'union nationale?

Pour le gouvernement de Papandréou, la fin semble proche. Même si, théoriquement, il peut encore remporter la confiance en fonction du nombre de députés qui participeront vendredi au scrutin. Pour tenter de renverser la tendance, le Premier ministre a convoqué un conseil ministériel d'urgence jeudi matin, puis il participera à une réunion de son groupe parlementaire. Le dirigeant grec devrait tenter de convaincre ses amis politiques du bien-fondé de son référendum, qui a provoqué la panique sur les marchés et entraîné la défiance des partenaires européens d'Athènes.
Georges Papandréou devrait prendre la parole vers 18h devant le Parlement. Selon sa directrice de cabinet, "il n'a pas l'intention de démissionner". Certains lui suggèrent de convoquer des élections législatives anticipées et de former, ensuite, un gouvernement d'union nationale. "La seule proposition réaliste en ce moment pour éviter que le pays ne s'effondre est de former immédiatement un gouvernement d'union nationale", a ainsi commenté un député du Pasok, Vasso Papandréou, avant de réclamer l'organisation d'élections anticipées.
Un député socialiste grec, Télémaque Hytiris, très proche de Papandréou, s'est également prononcé en faveur d'un gouvernement d'union nationale. Une option qui n'entraînerait pas forcément l'organisation d'élections. Selon la Constitution grecque, après la démission du Premier ministre, le président de la République, Carolos Papoulias, a en effet neuf jours pour rechercher une nouvelle majorité gouvernementale, sans forcément passer par la case électorale. Si aucune majorité n'est trouvée au sein du Pasok, le président peut alors chercher à former un exécutif d'union nationale. Selon des sources proches du parti socialiste, citées par Reuters, un petit groupe de députés préparent une proposition pour former un gouvernement avec à sa tête Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne. En fin d'après-midi, Georges Papandréou a assoupli sa position, annonçant qu'en cas d'accord avec l'opposition pour former un gouvernement, il abandonnerait son idée de référendum.

L'opposition veut renégocier le plan d'aide

Si un scrutin était toutefois organisé, l'opposition de centre-droit, incarnée par la Néa Dimokratia (Nouvelle Démocratie) d'Antonis Samaras, devrait, selon les derniers sondages, l'emporter. Ce nouveau gouvernement serait plus légitime à la fois à l'intérieur du pays, où les mouvements sociaux se sont répétés ces dernières semaines, mais aussi à l'extérieur, Georges Papandréou ayant perdu sa crédibilité internationale depuis son annonce - surprise selon ses partenaires européens, programmée selon lui – de l'organisation d'un référendum. Le référendum serait par ailleurs mort-né, l'opposition s'opposant à cette perspective. Voilà qui devrait rassurer marchés et dirigeants européens.
Mais tout ne sera pas fini pour autant pour la Grèce et pour la zone euro. Si elle arrivait au pouvoir, l'opposition grecque a d'ores et déjà annoncé son intention de renégocier le plan d'aide de l'Union européenne, pour obtenir des conditions plus favorables pour le peuple grec, notamment sur les mesures d'austérité. Dans ce scénario, on serait donc reparti pour un tour.


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