TOUT EST DIT

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dimanche 23 octobre 2011

L’apothéose de Hollande

François Hollande se rappellera longtemps la semaine qui s’achève aujourd’hui, puisqu’elle aura marqué pour lui une double apothéose : apothéose au sein de la gauche, apothéose dans les sondages face à Nicolas Sarkozy.L e candidat désormais officiel du PS n’aura en effet jamais autant dominé le reste de la gauche qu’en cette fin du mois d’octobre 2011.

Il vient de s’imposer au sein de sa propre famille socialiste avec le score sans appel de plus de 56 %. Personne ne peut contester la clarté et l’ampleur de sa victoire.
Le rassembleur naturel de l’ensemble du Parti socialiste

De plus, le fait que les quatre candidats éliminés au premier tour de l’élection primaire, le radical de gauche Jean-Michel Baylet, le vigoureux social-libéral Manuel Valls, l’immarcescible Ségolène Royal et le mirobolant Arnaud Montebourg, se soient tous prononcés en sa faveur en fait le rassembleur naturel de l’ensemble du Parti socialiste. En se plaçant résolument et nettement au service du candidat proclamé, Martine Aubry complète avec intelligence le tableau.

Désormais, François Hollande représente et dirige pleinement la famille socialiste avec beaucoup plus d’autorité et de légitimité qu’il n’en a jamais eues durant les onze années pendant lesquelles il fut le premier secrétaire du PS. Jamais personne depuis François Mitterrand n’y était parvenu et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, pour parvenir à ce résultat, François Hollande a justement repris dans les moindres détails la méthode du charisme patient et opiniâtre de François Mitterrand.

Cela lui vaut, dans les sondages comme dans la réalité, un ascendant spectaculaire sur le reste de la gauche. Les deux candidats trotskistes demeurent pour l’instant totalement invisibles. Jean-Luc Mélenchon, étrangement calme depuis le début de la primaire socialiste, mesure mieux que quiconque l’ascendant nouveau de François Hollande sur sa famille politique, puisqu’il en est lui-même issu.

Quant à l’aigre Eva Joly, elle a beau menacer le candidat socialiste de refuser tout accord gouvernemental si François Hollande ne s’engage pas à renoncer au nucléaire, elle n’est pas en position de force. Les Verts ont plus besoin d’un accord électoral que les socialistes et, sans accord gouvernemental, un accord électoral risque d’être beaucoup moins accommodant. A gauche, le paysage se dégage. Cette accalmie sera cependant de courte durée.

La crise aiguë de l’euro rendra à Jean-Luc Mélenchon un espace pour développer ses thèses altermondialistes. Aujourd’hui éclipsé par l’intronisation de François Hollande, le champion du Front de gauche attend son heure pour reprendre l’offensive avec d’autant plus de virulence qu’il a été plus entravé. De même (avec moins de talent) Eva Joly repartira-t-elle à l’attaque contre François Hollande en multipliant exigences et menaces. Aucun des deux candidats ne constitue un péril pour François Hollande mais tous deux vont tenter de le contester et de le grignoter. L’apothéose d’aujourd’hui ne durera pas, même si de ce côté l’essentiel est acquis.

Face à Nicolas Sarkozy, François Hollande fait aujourd’hui figure de grand favori, le président de la République se trouvant dans la situation totalement inédite sous la V e République d’être à la fois le chef de l’Etat sortant et le simple challenger du principal candidat de l’opposition. Dans les sondages, le candidat socialiste culmine en effet à des hauteurs inaccessibles, avec des chiffres le situant jusqu’à 39 % au premier tour et 64 % au second tour (enquête BVA) des évaluations aussi spectaculaires qu’artificielles.

Personne, et surtout pas François Hollande, n’imagine un instant que de tels sommets puissent être durables. Depuis six semaines, la primaire socialiste a bénéficié d’une exposition médiatique sans précédent. Elle s’est achevée en apothéose pour François Hollande. Les sondages le saluent chapeau bas, avec une triple révérence. Au même moment, la crise européenne assombrit tous les jours le climat et le gouvernement annonce sans cesse de nouveaux efforts.
Sarkozy incarne l’impuissance des dirigeant européens

Nicolas Sarkozy incarne cette phase sacrificielle et personnifie l’impuissance des dirigeants européens à reprendre fermement le contrôle de la situation. Lui-même fait de surcroît l’objet d’un rejet personnel de la part d’un tiers des Français, en chiffre rond, exaspérés par son style et déçus par son action. Dans ces conditions, il se retrouve aussi distancé actuellement par François Hollande que François Mitterrand le fut par Valéry Giscard d’Estaing six mois avant l’alternance de mai 1981.

Ce rapport des forces se modifiera inéluctablement. François Hollande va devenir la cible obsessionnelle de la droite, comme Nicolas Sarkozy l’est depuis quatre ans et demi de la gauche, du centre et de l’extrême droite. Chaque événement, chaque péripétie sera l’occasion d’un duel indirect avec le chef de l’Etat. Celui-ci parviendra peut-être, on le verra dans les deux semaines qui viennent, à déployer sur la scène européenne et au G20 son énergie et sa capacité d’entraînement. La crise et la dramatisation qui vont de pair ne cesseront de s’accentuer jusqu’à l’élection présidentielle. Elles ne le desservent pas. On voit bien apparaître déjà en tout cas le casting du film présidentiel, avec le favori en homme tranquille de la gauche et le challenger en homme d’action de la droite.

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