TOUT EST DIT

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mercredi 21 septembre 2011

L'Italie dans un coma berlusconien 

Traditionnellement, le patronat et les syndicats italiens sont rarement d'accord. Mais, depuis la réélection de Silvio Berlusconi en 2008, leur constat converge singulièrement. L'Italie, à en croire la présidente du patronat ou les dirigeants des principaux syndicats, n'est pas vraiment gouvernée. L'exécutif se survit à lui-même, aussi incapable de provoquer une vraie crise parlementaire que d'engager la moindre réforme. Incapable, donc, de faire face à la crise économique la plus sérieuse de l'après-guerre.
Aux commandes de cet exécutif à la dérive, le Cavaliere, à en juger par les écoutes téléphoniques publiées par la presse italienne, aurait d'autres chats à fouetter. La cabine de pilotage serait bondée de péripatéticiennes assidues. Un air décadent de bas-empire flotterait sur Rome où, alliés comme adversaires se demandent, en fait, qui sera en mesure de donner le coup de grâce à César, en chute libre dans les sondages.
Jusqu'ici, ni son ex-femme le déclarant « malade », ni les dizaines d'enquêtes pour corruption contenues par son armée d'avocats, ni le départ de son allié Gianfranco Fini, ni le marquage très serré pratiqué par le président de la République, Giorgio Napolitano, ni les scandales à répétition qui viennent de faire virer la télécratie berlusconienne en pornocratie institutionnelle, rien n'a précipité la chute pourtant annoncée du président du Conseil. Les agences de notation auraient-elles ce pouvoir ?
C'est ce que tout le monde se demande après la décision de Standard & Poor's d'abaisser la note de l'Italie en raison de ses sombres perspectives de croissance et de la fragilité du gouvernement. On savait la Botte en ligne de mire des marchés, après la Grèce, le Portugal et l'Espagne, en raison de l'énorme dette (120 % du PIB) que le pays traîne depuis la fin des années 1980. Tôt ou tard, Rome allait être sur la sellette.
La nouvelle assombrit l'horizon de l'euro mais n'a pas bouleversé les marchés hier. Les spéculateurs avaient amplement anticipé la décision de l'agence de notation. En outre, si l'Italie est la troisième économie de la zone euro, son appareil productif, son tissu bancaire et sa tradition d'épargne rendent hâtive toute comparaison avec la Grèce ou l'Espagne. Mais la faiblesse chronique de la croissance italienne, alliée au vieillissement de sa population, rend toute augmentation des taux d'intérêts politiquement explosive. Même pour Berlusconi.
Le Cavaliere a, d'ailleurs, dénoncé aussitôt une attaque « politique » de la part de Standard & Poor's. Il n'a pas nécessairement tort. C'est bien la faiblesse politique de la situation italienne qui inquiète les marchés. Une faiblesse due au vent de fin de règne qui entoure Berlusconi et à l'absence d'alternative prête à prendre le relais, même si depuis des mois le recours à un gouvernement technique (qu'un Mario Monti, l'ancien commissaire européen, pourrait piloter) est à l'étude.
En occupant, en 1994, l'espace politique laissé vacant par la démocratie chrétienne, par l'ampleur de sa puissance économique ramifiée dans tous les secteurs, Berlusconi a pris une place démesurée, ce qui complique sa sortie de scène. Mais, dans le bras de fer engagé entre les marchés et la classe politique européenne, l'heure de vérité semble sonner pour le maillon italien. Si Berlusconi ne peut sortir de la crise, c'est la crise qui pourrait sonner le glas du berlusconisme.

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