Ce qu’on appelle communément « La crise financière » commence seulement à apparaître dans toute sa dimension. Quand on l’appréhende à l’échelon des Etats, on n’aperçoit que sa partie émergée. Le reste, tout ce qui n’est pas immédiatement visible, va provoquer des remous qui tôt ou tard vont secouer les frontières de notre vie quotidienne. Pour décliner la formule, devenue culte, de la mondialisation, le global va peu à peu affecter le local…
La volonté des collectivités territoriales de créer leur propre agence de financement est révélatrice d’une inquiétude qui va bien au-delà de leurs habituelles anxiétés budgétaires. La difficulté grandissante qu’elles rencontrent pour obtenir des prêts fragilise — mécaniquement — la croissance.
Dans une France centralisée où le volontarisme économique semble toujours initié d’en haut, qui sait que les collectivités territoriales représentent plus des deux tiers des investissements publics ? Qui mesure la somme d’activité économique, de projets, de contrats, d’emplois qu’un tel engagement représente ?
Les mentalités sont plutôt mal préparées à accepter les implications de ce statut. C’est presque un réflexe : quelles que soient les majorités parlementaires, l’État conteste les dépenses, toujours jugées excessives, des régions, départements et communes… en oubliant de rappeler que les moyens financiers n’accompagnent pas intégralement les transferts de compétences toujours plus élargies.
Avec l’explosion du déficit, le message est encore plus clair, et d’une certaine façon dédouanant pour les administrations centrales : les économies devront — aussi — être trouvées en dehors des ministères… A tort ou à raison, la gauche, qui détient désormais une majorité d’exécutifs locaux, finit par voir dans ces messages répétitifs une forme de manipulation politique ouvertement dévalorisante.
Les éventuels « gaspillages » ne seraient, de toute façon, que très marginaux comparés aux difficultés de financement des collectivités qui doivent trouver 2 milliards d’euros dans les mois à venir si elles veulent pouvoir honorer les programmes qu’elles ont lancés. Si elles essaient d’anticiper avec la création de cette agence pour conjurer la hausse des taux intérêts et la réduction de la durée d’amortissement imposées par la plupart des banques, elles ne doivent pas se faire d’illusions. Le nouvel outil qu’elles veulent se donner sera sans doute sous-dimensionné pour le marché international, décevant — le coût du crédit sera inévitablement élevé — et trop tardif pour répondre à l’attente immédiate à laquelle il devra faire face.
Concept en vogue dans une période de remise en question fondamentale du système financier, l’affranchissement à l’égard des banques ne sera pas aussi aisé que les collectivités l’imaginent sur papier-monnaie.
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