dimanche 17 avril 2011
Enlisement
L'Otan bombarde, Kadhafi canarde, le front libyen s'enlise et c'est l'impasse. Amer bilan pour les 16 pays de la coalition qui, avec 30 navires, dont 5 sous-marins, et 300 avions de toutes sortes, ont un peu rééquilibré le rapport des forces militaires, mais pas assez pour forcer le dictateur affaibli à rendre les armes. Que le marteau-pilon de l'Otan ne parvienne pas à écraser le moustique libyen, il y a de quoi être surpris. Et même inquiet pour la première organisation militaire au monde qui ne parvient pas à contrer les ruses du Guide, habile à dissimuler ses forces.
L'agacement de la France et de la Grande Bretagne est compréhensible. Engagés en première ligne, après le retrait américain de ce théâtre, les deux pilotes de l'opération constatent que le chef libyen profite de la lourdeur et de la faible réactivité otanienne, mais aussi des divisions de la coalition. L'Europe, une fois de plus, fait montre, au-delà des propos de circonstance pour la galerie, d'une affligeante désunion sur le plan militaire et sur celui de l'immigration.
L'impasse sur le terrain risque de durer d'autant plus que personne n'a très envie de fournir les rebelles en armes, de crainte qu'elles ne passent vite dans les mains de djihadistes et groupes d'al-Qaida. Avec la menace d'enlisement, voire de partition de fait du pays, la solution militaire commence à relever du mirage. Mais l'issue politique aussi. Une fois évoquée la nécessité d'un cessez-le-feu et d'un dialogue interlibyen, on n'est guère plus avancé. Tout le monde s'est mis d'accord sur le dos de Kadhafi, mais son départ est un objectif, non plus un préalable.
Le dictateur, sauf imprévu, a donc encore de la marge, même si tout le monde veut croire que ses jours sont comptés. Mais tant qu'il est là, sa menace comporte un facteur d'incertitude pour le pays. Et si l'impasse libyenne se prolonge, ce sont les pays de la région qui risquent à leur tour la contagion de la déstabilisation. La jeune démocratie tunisienne est aux premières loges. Un échec en Libye provoquera une onde de choc justement là où est née la révolution de la liberté arabe. On n'ose pas l'imaginer.
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