TOUT EST DIT

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jeudi 10 mars 2011

Mauvaise voix

Une bonne idée mal exécutée a peu de chances de réussir. Une mauvaise idée, même bien mise en oeuvre, échoue le plus souvent. Une mauvaise idée mal transformée est, quant à elle, irrémédiablement condamnée à l'échec. C'est la triste mésaventure que vivent France 24 et le pôle plus large dit « Audiovisuel extérieur de la France » (AEF).

Sur le fond, il est parfaitement légitime que la France cherche à peser dans le débat médiatique mondial. Pour faire entendre sa voix et sa différence, il n'y a rien de choquant à ce que Paris subventionne une chaîne de télévision à vocation internationale. Londres avec la BBC, Doha avec Al-Jazira, Pékin avec CCTV et même Brasilia avec TV Brasil jouent cette carte.

Mais, sur la route menant de l'idée au projet concret, la France a commis deux erreurs majeures. Au-delà des ridicules et déplorables querelles de personnes entre Alain de Pouzilhac, le PDG, et Christine Ockrent, la directrice générale déléguée, la première est de ne pas s'être fixé des ambitions conformes à ses moyens. En voulant parler au monde à la fois en français, en anglais et en arabe, alors que ses ressources étaient limitées, France 24 s'est épuisée. Elle produit certes une information de qualité, mais elle a manqué, par exemple, cruellement de moyens pour accroître sa diffusion. Résultat, France 24 est trop souvent une bonne chaîne que trop peu de personnes peuvent voir. L'idée aurait dû être de rester simple, le projet s'est avéré trop compliqué.

La seconde erreur est d'avoir lancé cette chaîne en 2006 en refusant de faire table rase du passé. Avec l'AFP, RFI, Euronews ou TV5, la France disposait déjà, seule ou en partenariat, public comme privé, de nombreuses voix pour se faire entendre. Elle a préféré rajouter une tranche à ce mille-feuille indigeste, plutôt que de provoquer un big bang, qui aurait incontestablement été douloureux pour certains, mais qui aurait peut-être permis de repartir sur des bases plus saines.

Quand une idée ne fonctionne pas, il faut parfois accepter d'arrêter de s'entêter et envisager des pistes radicales. France 24 devrait peut-être ainsi aujourd'hui se concentrer sur la francophonie. Et la France devrait peut-être étudier sereinement l'idée d'un rapprochement AFP-AEF.

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