TOUT EST DIT

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jeudi 10 mars 2011

Le Parlement nomade

Si l’on s’en tient aux réalités matérielles, le partage du Parlement de l’Union européenne entre deux métropoles n’est pas rationnel. Il va de soi que les déplacements périodiques entre Bruxelles et Strasbourg engendrent des coûts, des complications, et sans doute même les fatigues bien humaines dont nombre d’élus se plaignent.

Dispendieuse a été la construction parallèle de deux majestueux palais parlementaires, dans la capitale belge et dans celle de l’Alsace. Chacune de ces cités chargées d’histoire a de respectables arguments pour défendre « son » monument voué au pouvoir législatif de l’Union ; il n’empêche que le dédoublement des chantiers a contribué au déficit d’affection dont l’Europe politique souffre auprès des opinions publiques.

Aujourd’hui, les ouvrages sont certes achevés (cependant que leur entretien continue de multiplier les charges), mais la réalité d’une assemblée pratiquant le nomadisme entre ces hémicycles jumeaux ne peut pas paraître logique à des citoyens appelés à la rigueur. L’inévitable empreinte carbone fournit un argument supplémentaire aux adversaires des sessions à bascule, mais cet aspect du problème pourrait être résolu en érigeant l’europarlement en pionnier des transports alternatifs, collectifs et sans énergie fossile.

La difficulté est donc politique. Sur ce terrain, il faut privilégier deux facteurs : le droit et la réalité. Des traités définissent le fonctionnement de l’Union, et notamment celui de son assemblée ; il convient de s’opposer à toute initiative qui déborde de leur cadre. Ensuite, la réalité est que l’UE n’est ni un pays, ni un État, et n’a donc pas vocation à avoir une capitale centralisant les pouvoirs. Il était convenu dès sa création que ses membres se partageraient les institutions, afin d’éviter la formation d’un noyau de suzerains, voire d’un centre dirigeant unique, au-dessus de nations vassales.

Avec Strasbourg, la France a reçu le Parlement ; Bruxelles est le siège de l’exécutif. Personne ne demande à ce que ce dernier soit émietté. Ceux qui proposent de concentrer le travail des élus près de l’Ill ne sont pas déraisonnables.

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