Mais il estime que l’enquête illustre une réalité.
« Les Français ont très peur, ils ont le sentiment que le présent est moins bien que le passé, que le futur sera pire que le présent, que leurs enfants ont une vie beaucoup plus difficile que la leur », dit-il.
Le pessimisme des Français, grands consommateurs d’antidépresseurs, n’est pas nouveau. Mais cette tendance est exacerbée sur fond de montée du chômage et dans un contexte social tendu, comme l’a montré la forte mobilisation à l’automne dernier contre la réforme des retraites.
« On sent que les gens sont usés psychiquement, ils sont énervés, stressés, inquiets », constate le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, également président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Pour lui, le pessimisme touche surtout les classes moyennes, qui côtoient de plus en plus la précarité de l’emploi.
Si son système de protection sociale a permis à la France de subir moins violemment la crise qu’ailleurs, le pays tarde à rebondir. « Même si la récession qu’on a subie en 2009 est presque deux fois moindre que celle de l’Allemagne, on n’est pas sorti de la crise aussi nettement que l’Allemagne », relève l’économiste Jérôme Creel, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Dans ce contexte, l’Europe n’est plus vue comme porteuse d’espoir mais de difficultés.
Selon Frédéric Allemand, spécialiste des questions de gouvernance économique européenne, cette désillusion prend naissance dans une « incapacité de l’Europe à améliorer ses perspectives de croissance ».
Selon le sondage BVA-Gallup, les Français sont 61 % à anticiper des difficultés économiques en 2011, contre 52 % pour les Britanniques, 48 % pour les Espagnols, et 22 % pour les Allemands.
Mais à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2012, « le scepticisme à l’égard des politiques atteint des dimensions abyssales », relevait lundi l’éditorialiste Serge July sur RTL, alors que le président Nicolas Sarkozy bat des records d’impopularité et que l’opposition socialiste reste très divisée.
« Chacun sent bien que notre cher État comme notre chère Europe sont des victimes de la crise, voilà pourquoi nos politiques sont aujourd’hui si démunis et nos concitoyens si cafardeux. En conséquence, pour gagner la présidentielle, il faudra être très compétent en… psychanalyse », résumait-il.
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