TOUT EST DIT

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mercredi 4 juillet 2012

La sueur sans les larmes ? 

  Trouver les moyens techniques de mettre le pays d'aplomb et les voies politiques pour les rendre acceptables : cet art de la politique, déjà pas facile à pratiquer par temps calme, relève de l'exercice de haute voltige en période de crise. Dans son long discours de politique générale, Jean-Marc Ayrault l'a résumé en parlant d'effort et de redressement dans la justice. La sueur sans les larmes ?

Le changement annoncé porte d'abord sur le contenu. Le programme gouvernemental est le copié-collé du projet présidentiel de François Hollande. Voilà qui présente au moins le mérite de la cohérence et confirme la proximité du Président avec son Premier ministre.
Ce programme tourne autour de cinq piliers : le redressement productif, l'école, la réforme fiscale, la transition énergétique et la décentralisation. Il sera financé pour moitié par une maîtrise de la dépense publique, qui progresserait un peu moins vite que l'inflation, pour moitié par une hausse des prélèvements de plusieurs dizaines de milliards, portant surtout sur les hauts revenus.
Il concerne ensuite le calendrier. Il y a le temps de l'urgence : les 7 à 10 milliards à trouver dans le collectif budgétaire de juillet pour boucler l'année. Ils viendront de l'ISF, de la fin du dispositif heures supplémentaires, de l'abandon de la TVA sociale, de la taxe sur les transactions financières et d'une contribution des grandes sociétés.
Et il y a le long terme, marqué par les réformes de structures et par la refonte de l'impôt sur les sociétés, de l'ISF et de l'impôt sur le revenu. À cet égard, Jean-Marc Ayrault retient le taux de 75 % pour la tranche de revenu supérieure à un million d'euros.
Enfin, il y a la méthode. On vient de vivre cinq années de tourbillon réformiste, chaque jour réservant sa surprise législative. Cette fois, on a l'impression que l'essentiel est déjà sur la table et que le Premier ministre, fidèle à sa réputation, prendra le temps qu'il faut pour conduire une série de concertations avec les syndicats, les patrons, les associations. Il espère ainsi cultiver une sorte de patriotisme social, passer du conflictuel au consensuel, des intérêts particuliers à l'intérêt collectif.
Pour réussir, Jean-Marc Ayrault va devoir affronter bien des obstacles. Disposer d'une majorité confortable, mais sans le Front de Gauche, est un atout insuffisant. Déjà, faute d'être assuré de l'emporter, il a préféré ne pas soumettre son discours de politique générale à un vote de confiance au Sénat où le PS et ses alliés ne dominent que de quelques sièges.
À l'Assemblée, les choses sont théoriquement plus faciles, même si l'opposition de droite semble opter, comme elle l'a inauguré, hier, pour des chahuts antirépublicains qui n'ont d'autre effet que de rendre le débat inaudible et de ternir l'image déjà dégradée de la classe politique. Comme si la nouvelle majorité n'était pas sortie des urnes !
Pour nourrir une culture de l'accord, il faut surtout avoir du grain à moudre. Surveillé par l'Europe et les marchés, dépendant de la petite santé de nos voisins et menacé par les effets économiques d'une fiscalité alourdie, le gouvernement ne pourra pas distribuer ce qu'il n'a pas en caisse. Le grand danger, pour Jean-Marc Ayrault, réside dans le décalage entre des dépenses certaines et immédiates, parfois déjà engagées, et des recettes futures et très incertaines.

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