TOUT EST DIT

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samedi 8 janvier 2011

Durafour : « Mitterrand est indispensable à la gauche comme symbole »

Michel Durafour a été le premier ministre d’ouverture de François Mitterrand. Ministre d’État en 1989

Monsieur le ministre, vous vous souvenez de votre première rencontre avec François Mitterrand ?
C’était en 1944, lorsque François Mitterrand dirigeait le journal Votre Beauté qui était le journal de L’Oréal. Nous nous sommes retrouvés deux ans plus tard, alors que j’étais rédacteur en chef de «  L’Espoir ». Il était à l’UDSR, l’Union démocratique et socialiste de la Résistance. Il a ensuite été candidat aux législatives à Nevers où j’ai soutenu sa candidature.
Le 10 mai 1988, vous devenez ministre d’ouverture du gouvernement Rocard. L’ouverture, c’était une idée de François Mitterrand…
C’était une idée avant-gardiste. Mais c’était surtout une idée de Pierre Bérégovoy, plus que de Roland Dumas. J’avais soutenu la candidature de Raymond Barre au 1er tour de l’élection présidentielle et je ne voulais pas soutenir celle de Chirac, face à Mitterrand au second tour. Trois semaines après Raymond Barre m’a écrit pour me dire que j’avais bien fait. Lorsque Mitterrand m’a demandé d’entrer dans son gouvernement, j’ai beaucoup hésité. Je trouvais que le Sénat était moins agité ! Dans cette notion de repos, il y a surtout la notion de sagesse… Mais je n’ai pas hésité par rapport à Mitterrand. L’ouverture est quelque chose de très difficile. Mitterrand voulait cette ouverture. Je l’ai très bien vécu. J’avoue qu’il a été, avec moi, d’une gentillesse extrême.
Au Conseil des ministres, vous étiez assis à côté du Président. Comment était l’homme ?
C’était assez solennel. J’étais à sa droite. A sa gauche, il y avait Jospin, mais ils se parlaient peu. Mais j’étais moins gêné que la plupart des ministres, car il y avait entre nous ces relations anciennes.
Qu’est-ce qui intéressait le plus le président ?
Mitterrand était surtout mobilisé sur les thèmes des affaires étrangères. Il était en même temps très réservé et chaleureux. Mitterrand était un homme remarquablement intelligent. Il était hors norme. Il ne tutoyait personne. Sauf Patrice Pelat, un ancien résistant qui était l’ami personnel de Mitterrand.
Quelles étaient vos relations ?
Nos relations étaient essentiellement culturelles et très amicales. Parfois un peu glacées comme l’était, l’homme. Je ne faisais pas partie de sa famille, mais des personnes, je pense, pour lesquelles il avait de l’estime.
Mitterrand, c’est l’homme qui a porté le PS et la gauche au pouvoir. S’il n’y avait qu’une chose à retenir de son action…
Ce serait la construction européenne pour laquelle il a joué le plus grand rôle. C’est d’ailleurs ce qui l’a conduit ensuite à prendre comme Premier ministre, Édith Cresson.
Quinze ans après sa disparition, est-ce que François Mitterrand manque à la gauche ?
Oui, il manque à la gauche. Et se réclamer aujourd’hui encore de Mitterrand, c’est une caution. À gauche, il y a des gens qui sont très brillants, comme Valls, Hollande, Strauss-Kahn et même Martine Aubry qui a été dans mon cabinet lorsque j’étais ministre du Travail de Giscard. Elle a fait un travail remarquable dans des conditions pas toujours faciles. J’ai beaucoup d’amitié et de sympathie pour elle, même si je ne défends pas sa candidature.
On fêtera en mai prochain, le trentième anniversaire de son élection à la présidence la République. Quel regard portez-vous ?
Dans une formule simple, Mitterrand est comme De Gaulle les deux hommes qui ont marqué la seconde moitié du XX e siècle. A l’image de Clémenceau dans la première moitié.
Vous qui avez été ministre de Giscard et Mitterrand, de qui vous sentez-vous le plus proche ?
Je me sens plus proche de Mitterrand que de Giscard, pour lequel j’éprouve malgré tout de la sympathie.Je suis et je reste au centre gauche pour des raisons sociales. La notion d’équilibre du centrisme est très difficile à tenir. Tous les centristes que j’ai pu connaître, sont des gens qui sont malheureux…
Aujourd’hui, comment vivez-vous l’insulte de Jean-Marie Le Pen à votre encontre ?
Je n’ai jamais compris pourquoi on a fait autant de pub licité à un tel individu. C’était un jeu de mot simple et facile à faire.
Auriez-vous pu être ministre de Sarkozy ?
Non, sûrement pas. Ces personnes qui veulent toujours avoir raison, c’est très pénible à supporter. Ministre de Sarkozy, je reste 24 heures, en comptant fort…

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello,

I would like to know when this photo was taken and who owns the rights because I would like to use it.

Thank you very much,
Christina