TOUT EST DIT

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samedi 8 janvier 2011

Changer l'envie

Il n'y en avait pas eu avant, il n'y en pas a eu après. François Mitterrand a été le seul président socialiste de la Ve République. De leur icône, les candidats probables du PS à la prochaine présidentielle retiennent sa victoire, son talent de stratège florentin, sa puissance intellectuelle et sa ténacité féroce. Car pour le bilan, toute nostalgie bue, on ne se bouscule pas au portillon de l'inventaire. La seule bousculade annoncée est celle de demain à Jarnac mais personne n'est dupe, presque tous viennent pour tenter de faire un coup. La tâche, il est vrai, n'est pas facile pour les volontaires de la succession. La crise a rangé le flamboyant « Changer la vie » dans le placard des slogans à la rose rouge et il faut se suffire aujourd'hui de promettre la justice sociale et un peu d'humanisme dans la rigueur.

Dans une étonnante alchimie de progressisme et de conservatisme, Mitterrand incarnait toutes les contradictions de la France. Il se fondait si bien dans les ambiguïtés de notre histoire que le maximalisme de gauche de 1981 s'est mué en force tranquille de la France rurale en 1988 et lui a valu un second mandat. Indéfectible soutien du collabo Bousquet et organisateur de réseaux dans la Résistance, Mitterrand pouvait s'opposer à de Gaulle dans le « Coup d'État permanent » et user à son tour d'autoritarisme une fois le pouvoir conquis.

Quand en 1969 la France n'a pas fait ce qu'il a voulu, le général en a divorcé. Mitterrand, lui, changeait avec la France. À moins que ce soit la France qui changeait Mitterrand. Pour Giscard, « le changement dans la continuité » était un concept intellectuel, alors que chez Mitterrand c'était dans sa nature.

Au sens où on l'entend pour Blum et ses congés payés ou pour de Gaulle et la Ve, Mitterrand ne laissera pas de grande trace dans l'histoire. Il est un personnage de l'histoire. Comme les grands princes, il nous a légué l'Opéra Bastille, le Grand Louvre, la fête de la musique, la Grande bibliothèque... Mais le sillon de mai 81, ce mai 68 à froid, ne s'est pas continué dans la vie de tous les jours. L'anniversaire de sa mort rappellera au moins aux socialistes son obstination à vouloir la victoire. Comme si son intuition lui soufflait que cette fois, c'est l'envie qu'il faut changer.

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