TOUT EST DIT

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samedi 8 janvier 2011

Couper le cordon

D'abord faire le diagnostic. « Quand il y a des médicaments qui posent problème, des décisions doivent être prises... » a dit le ministre de la Santé. Sage précaution de principe. Que ne l'a-t-on appliquée plus vite avec le Médiator et qu'attend-on pour accélérer les conclusions sur le buflomédil, la nimésulide ou la vinflunine eux aussi pointés du doigt depuis plusieurs mois pour leurs dangers ? Une première mesure pourrait être prise qui consisterait à favoriser l'accès des malades et des associations de patients à la pharmacovigilance et à ses instances. Ils deviendraient ainsi les chiens de gardes des médicaments et les alertes sur les effets secondaires s'en trouveraient moins régulièrement occultées.

Les médecins revendiquent leur droit à la libre prescription. Ils ont raison. Mais cette indépendance ne peut pas être exemptée de règles strictes dans le cas des prescriptions hors indications thérapeutiques. C'est en s'affranchissant du cadre fixé par l'autorisation de mise en marché (AMM) que le Médiator a été délivré pour aider aux régimes minceur. Une affaire devrait être mise au jour prochainement aux États-Unis sur un antipsychotique que le laboratoire inventeur incite à prescrire, hors AMM, contre l'anxiété et Alzheimer, au prétexte que la schizophrénie n'est pas un marché assez rentable.

Pour être utile, l'action politique doit réglementer les interférences entre la recherche scientifique et l'industrie pharmaceutique. Les laboratoires font travailler les dispositifs de recherche pour vendre et gagner de l'argent. Ce n'est pas illégitime, mais en matière de santé, l'indépendance entre la recherche et le profit doit être érigée en code éthique.

Tant que la recherche sera captive de ses financements, tant qu'il y aura des systèmes Servier, où l'on recycle d'anciens ministres parce que ça peut servir, tant que l'agence de sécurité sanitaire sera financée par les laboratoires, le doute persistera sur les conflits d'intérêts. Quels que soient les enjeux, il est urgent de couper le cordon entre ceux qui mettent la molécule sur le marché et ceux qui l'ont découverte. Rien ne peut justifier que l'on fasse risquer la vie d'un malade qui avait confiance dans son médecin.

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