TOUT EST DIT

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samedi 8 janvier 2011

Vox populiste

La majorité des Français fait bathyscaphe dans les abysses du pessimisme, révèle une enquête BVA-Gallup. Parmi les causes de l’accablement des deux tiers d’entre eux, la perte de foi en l’Europe, voie royale promise vers un avenir plus heureux, figure en bonne place.

Pourtant, l’Union garde apparemment des vertus et quelque influence. Le gouvernement hongrois, qui exerce depuis huit jours la présidence tournante des 27, semble en tout cas redécouvrir les nécessités de ne pas se couper de la famille. Pendant des mois, son Premier ministre, Viktor Orban, a affiché une indifférence — forcément souveraine — aux critiques visant ses lois sur les médias, sur l’impôt exceptionnel levé dans des branches économiques où les investisseurs étrangers sont majoritaires, et enfin sur la nationalisation des assurances-retraite privées, qui a attiré plus de dix milliards d’euros dans les caisses de l’État. Les critiques les plus vives ont cependant visé le sort réservé à la presse, avec l’entrée en vigueur, au 1er janvier, d’une loi permettant à une autorité de contrôle dirigée par une proche du chef du gouvernement de sanctionner tout média pour des motifs parfois aussi flous que « déséquilibre de l’information », « atteinte à la morale ». Preuve par l’absurde de la dérive ou zèle d’un fonctionnaire censeur ? Sur une radio publique, un journaliste s’est vu interdire la simple intention de commenter la loi ! Après des décennies de totalitarisme communiste, l’alerte au bâillon nationaliste — fasciste, selon certains commentateurs — était justifiée.

Mais le pire n’est pas sûr. La cohérence des blâmes a contraint Viktor Orban à concéder qu’il n’y était pas insensible, et qu’elle pourrait même l’inciter à réviser ses mesures. « Nous sommes ouverts à tous les changements, si la pratique montre que des changements sont nécessaires », a-t-il déclaré hier.

L’avenir dira si ce tout premier largage de lest n’est que temporisation tactique, ou s’il amorce une remontée vers les fondamentaux démocratiques de l’Union. Mais même dans ce cas, celle-ci devra bien se demander un jour pourquoi son fonctionnement, ses réalités, stimulent dans bien des pays la réceptivité aux voix populistes.

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