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jeudi 10 juin 2010

SeinProthèses défectueuses, 400 femmes portent plainte

Les porteuses de prothèses mammaires PIP ont rendez-vous ce matin au tribunal de grande instance de Marseille, où plus de 400 plaintes seront déposées contre la société Poly Implant Prothèse (Var), fabriquant des prothèses défectueuses. L’affaire a été révélée il y a deux mois. Le 30 mars dernier, l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé retirait du marché les prothèses. L’Afssaps avait constaté un taux de rupture anormal des implants, utilisés en chirurgie esthétique et pour la reconstruction post-cancer. Le silicone employé était également différent de celui qui avait été déclaré. PIP a été placé en liquidation judiciaire. Dans la région, les femmes n’ont pas été épargnées. Elles témoignent.
Les porteuses de prothèses mammaires PIP ont rendez-vous ce matin au tribunal de grande instance de Marseille, où plus de 400 plaintes seront déposées contre la société Poly Implant Prothèse (Var), fabriquant des prothèses défectueuses. L’affaire a été révélée il y a deux mois. Le 30 mars dernier, l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé retirait du marché les prothèses. L’Afssaps avait constaté un taux de rupture anormal des implants, utilisés en chirurgie esthétique et pour la reconstruction post-cancer. Le silicone employé était également différent de celui qui avait été déclaré. PIP a été placé en liquidation judiciaire. Dans la région, les femmes n’ont pas été épargnées. Elles témoignent.

Deux femmes, quatre prothèses PIP posées il y a quelques
mois pour masquer les traces d’un cancer dévastateur, et autant de « bombes à retardement », dit l’une d’elles. Pour Marie (1) et Valérie, soignées dans des établissements de la région, l’enjeu de l’action en justice qui démarre aujourd’hui à Marseille n’est pas d’obtenir la prise en charge financière du remplacement des prothèses défectueuses. Ni le dédommagement du préjudice subi. C’est au-delà. « J’en veux à ces gens qui fraudent, à tous ceux qui ne respectent pas l’autre. C’est écœurant. Mais je me demande si ça vaut le coup. Ce n’est pas ça l’important. L’important, c’est d’être vivant, ce n’est pas de faire un procès », souligne Marie, qui n’exclut pas de rejoindre la lutte, même si « pour le moment », elle se « dit non » : « On est confronté à tellement de choses difficiles… Les sentiments affluent ».

Pour Valérie, attaquer en justice, c’est aussi dire non. Non à une grande incompréhension, « comment, aujour- d’hui encore, on peut vendre des prothèses qui ne sont pas conformes ? » Non à cet inacceptable supplément de souffrance imposé à des vies trop malmenées. « Quand la prothèse de mon sein gauche s’est fissurée, j’ai cru que c’était un cas isolé », se souvient-elle. Elle « fait le rapprochement » lorsque le scandale est révélé, fin mars. Aujourd’hui, ces derniers mois de souffrance restent aigus : « La rupture de la prothèse a été tellement brutale que j’ai déclenché une forte fièvre, avec des convulsions. La première chose que je fais chaque matin en me levant est de regarder si mon sein droit n’est pas enflé, j’attends avec impatience de changer la prothèse. J’avais accepté qu’on m’enlève un sein sans que le cancer soit déclaré, parce qu’il y avait un trop gros risque. Je ne voulais pas avoir à le surveiller tous les six mois. Ce n’est pas pour surveiller ma prothèse tous les six mois », résume-t-elle.

« En vingt ans de maladie, j’ai subi sept interventions, les défectuosités des prothèses, j’en ai plein le dos », témoigne encore Marie, qui raconte le cancer et ses rechutes, les multiples prothèses qu’il faudra changer, des anciens modèles en sérum physiologique aux PIP remplies de « gel frelaté », de ce « gel dégueulasse », qui lui fait penser à un scandale plus ancien, « quand on avait découvert de l’huile de vidange dans des sardines à l’huile ». Elle explique : « Lorsque l’affaire a été révélée, je l’ai occultée pendant quelques jours. Puis j’ai regardé mon numéro de lot en espérant que je passerais à travers… Mais personne ne passera à travers. Encore une fois, le ciel me tombe sur la tête. J’ai tellement l’habitude… Je n’en fais pas une affaire personnelle, c’est une question globale de santé publique. J’aurais pu avoir un moment de répit, je ne l’ai pas. Je sais que ces prothèses, il faudra les enlever. Encore des consultations, une anesthésie. Je vais replonger dans le monde des malades, pour six mois de plus de ma vie. Repasser sur le billard et peut-être que cette fois je vais y rester. Parce que des gens ont fraudé. Parce qu’ils n’ont pas fait leur boulot. Ce n’est pas rien. »

Quoi qu’en disent les messages rassurants de l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, qui conseille juste pour l’instant un suivi régulier des femmes concernées : « Je ne suis pas particulièrement anxieuse. Mais qu’est-ce qu’on en sait, que ce n’est pas très grave sur le plan médical ? On ne sait pas. Cette affaire, ce n’est rien que pour ceux qui n’ont rien. »

Sophie GUIRAUD

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