TOUT EST DIT

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jeudi 10 juin 2010

Décence de rigueur

Si seulement ce n'était qu'un scandale Christine Boutin ! Un coup de bec du volatile. Une petite montée d'adrénaline du mercredi. Un de ces abus, le plus souvent invisibles, qui ni vu, ni connu, sucent légalement le sang de la République à longueur de législature. Si seulement !
Le plus ridicule dans cette histoire, ce n'est même pas le sérieux du travail de l'ancienne ministre du logement, plutôt travailleuse, qui avait pondu, il y a quelques années, un excellent rapport sur les prisons, alliant sensibilité et bonne connaissance du dossier... Le plus grotesque, ce n'est même pas l'intitulé de sa mission, fumeux jusqu'au burlesque. « Les conséquences sociales de la mondialisation » : on dirait du Christian Clavier dans un dialogue des Bronzés.
Non, le plus navrant, c'est l'aveuglement constant, on oserait dire volontaire, des élites politiques françaises sur l'insaisissable train de vie de l'État. L'inutilité objective de tous ces rapports, le plus souvent intelligents, mais qui s'accumulent au fond des armoires, n'est que la partie émergée d'un iceberg de gaspillages passés en pertes et profits. Les observateurs de la vie politique sont les témoins de cette désinvolture détestable à l'égard de l'argent public. Ils ne peuvent pas dire qu'ils ne savaient pas. Mais, que voulez vous, cela fait partie du folklore national. Dénoncez les dérives et vous êtes un pisse-froid ! Pire : un démagogue populiste qui fait le jeu des extrêmes !
Pour les équipes au pouvoir ce n'est jamais le moment de faire le ménage. Trop de ministres ? Mais cela fait combien d'années qu'on entend ça... et qu'on voit arriver des cohortes de secrétaires d'État sortis du néant avant d'y retourner ? Ah, il y a aussi les cabinets pléthoriques... Vieille rengaine, mais après chaque acte de contrition, l'inflation de conseillers - pas tous indispensables - continue de plus belle... La communication gouvernementale ? Combien de campagnes ont passé la rampe pour combien de gras budgets pour des communicants amis ?
Pour les gouvernants, on dirait que ce n'est jamais le moment de montrer l'exemple. Quand le président de la République s'augmente de 140 % en toute bonne conscience, quand les ministres refusent l'idée de baisser leur salaire de 10 % (ils gagnent entre 12 000 et 14 000 € par mois) - au prétexte que c'est..., mais oui, « démagogique » bien sûr ! - comment peuvent-ils ordonner un serrage de vis général ? Tous sont les promoteurs zélés de cet « effort national » qu'ils ne vivent pas, sinon par procuration. Et dont ils s'exonèrent avec de si bonnes raisons. Pas de rigueur, effectivement, dans cette bulle ouatée dont la prétention fait sourire tout le reste de l'Europe. Le pouvoir à la française reste désespérément étanche à une décence pourtant vitale - crise ou pas ! - pour le respect et l'avenir du politique.

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