TOUT EST DIT

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jeudi 10 juin 2010

Le tocsin allemand

François Mauriac disait qu'il aimait tellement l'Allemagne qu'il préférait qu'il y en ait deux. Il fut bien servi. Jusqu'en 1989, après que le mur de Berlin se fut écroulé.

Sans doute Nicolas Sarkozy préférerait-il aussi qu'il y ait deux Allemagne, tant il est vrai que, malgré les dénégations officielles, le fossé se creuse à grande vitesse entre nos deux pays. Deux logiques s'affrontent. Deux logiques apparemment inconciliables. Celle du pessimisme actif (Merkel) et celle de l'optimisme volontariste (Sarkozy).

Le chancelier Kohl disait naguère avec humour noir: «Nous sommes un drôle de peuple. Quand tout va bien autour, il se terre dans la cave et fait sonner le tocsin.» Alors, quand tout va mal...

N'en déplaise aux souverainistes, dont les lunettes idéologiques brouillent la vue, avec la création de l'euro l'Allemagne a fait don à l'Europe de sa personne ou, du moins, ce qui revient à peu près au même, de sa monnaie forte, le mark, la chair de sa chair. Une bonne affaire pour nous tous, sur le Vieux Continent. Notamment pour les laxistes, réfugiés derrière le paravent germanique.

Mais, devant le laisser-aller des Grecs et des autres, qui a entraîné le fiasco que l'on sait, l'Allemagne rêve désormais, inconsciemment ou non, de reprendre son bien: ce capital monétaire que ses partenaires ont lamentablement dilapidé, en poussant au bout une philosophie que Louis-Ferdinand Céline avait bien résumée : «On ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire.»

Si l'Europe court un risque aujourd'hui, c'est bien que l'Allemagne quitte l'euro. Européenne mais pas trop, la chancelière est donc plus que jamais en position de force. Par notre faute, après trente ans de mauvaise gestion.


Franz-Olivier Giesbert

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