TOUT EST DIT

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jeudi 23 décembre 2010

Pourquoi la Chine se met au chevet de l’Euro

Pékin assure être disposé à apporter son aide à l’Union européenne au prise avec la crise de la monnaie unique. Non sans arrière-pensée.

L’Europe doit-elle compter sur la Chine pour sauver l’Euro ? Oui, la Chine a intérêt à la réussite de l’Euro et de l’Europe, dans la mesure où Pékin dispose de 2.650 milliards de dollars de réserve de change. De l’argent disponible pour être investi en obligations.
Pour financer leur déficit public, Washington ou les pays européens émettent des emprunts, des obligations à trois mois, à cinq ans ou dix ans. Si personne ne se présente pour acheter des titres, les Etats doivent payer un taux d’intérêt plus élevés pour attirer les investisseurs. Lassé d’être dépendant du dollar dont la valeur baissait, Pékin, qui possède 900 milliards de bonds du Trésor américain, a vu d’un bon œil l’arrivée de l’Euro fort…
Non. L’Europe ne peut compter sur la Chine que si elle offre une alternative au dollar. Pékin gère ses réserves comme tout bon capitaliste. Elle dispose de 2.650 milliards de dollars qu’elle veut faire fructifier. Les placer en obligations grecques, oui, mais pas à n’importe quel prix. L’Europe doit donc rassurer la Chine sur sa capacité à maintenir la valeur de l’Euro pour avoir sa confiance.

« Nous nous inquiétons beaucoup de la dette »

Et puis, dernier élément qui pèse dans la balance : l’UE est la première destination des exportations chinoises, tandis que dans l’autre sens la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de l’Union derrière les Etats-Unis.
Avant de savoir si Pékin volera au secours de l’Euro, il faut écouter ses officiels. A la manœuvre, le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, qui mène actuellement des discussions bilatérales Chine-UE à Pékin. « Nous nous inquiétons beaucoup de savoir si la crise européenne de la dette peut être contrôlée. » Ou encore : « Nous voulons voir si l’UE est capable de maîtriser les risques concernant les dettes souveraines et si le consensus peut être traduit en véritable action pour permettre à l’Europe de sortir rapidement et en bonne forme de la crise », a ajouté le ministre chinois.
Quelques heures plus tôt, le vice-Premier ministre Wang Qishan avait déclaré que la Chine était prête à soutenir les mesures de l’UE et du FMI afin d’assurer la stabilité financière de l’Europe. Durant une visite au Portugal le mois dernier, le président chinois Hu Jintao avait assuré Lisbonne de la volonté d’aide chinoise, mais Pékin n’a pas encore fait de promesses fermes d’achat d’obligations d’Etat portugaises.
Ces déclarations doivent aussi être replacées dans leur contexte immédiat. L’Union européenne a envoyé des hauts responsables à Pékin pour parler de sujets qui fâchent les autorités chinoises. Au menu, il y avait les exportations de produits chinois à bas prix déferlant avec l’aide d’un yuan maintenu artificiellement bas, la protection de la propriété intellectuelle, et les « terres rares ». Indispensables pour l’industrie de haute technologie, elles sont à 97 % produites en Chine et leur exportation est extrêmement contingentée.
Autant de discussions désagréables pour le gouvernement chinois pas mécontent de rappeler à ses hôtes qu’ils ont un certain nombre de problèmes à régler avant de s’occuper de ce qui se passe en Chine.

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