Les politiques de formation, en France, coûtent cher, très cher. Notre pays est l'un des tout premiers au monde pour les ressources qu'il consacre à l'enseignement, de l'école maternelle à l'université. Aux contributions de l'État, s'ajoutent celles des collectivités locales, des entreprises et des familles. Un effort colossal mais nécessaire.
Malheureusement, les résultats ne sont pas à la hauteur de l'investissement, comme viennent de le rappeler quelques rapports internationaux ou nationaux récents. Ils montrent que, si l'argent est indispensable, il ne peut compenser des choix contestables. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) estime que les résultats obtenus par les élèves sont déterminés, à plus de 90%, par les politiques éducatives et pour le reste par la richesse du pays.
Une rafale d'études éclaire l'ampleur du problème. À la sortie du collège, un enfant sur cinq ne maîtrise pas les fondamentaux que l'on acquérait avec le vieux certificat d'études accordé à 14 ans : c'est-à-dire lire, écrire, compter. Mesure-t-on bien ce que signifie le fait qu'un quart de la population ne possède pas les minima requis pour s'insérer dans le monde du travail ?
L'analphabétisme n'est pas nouveau, mais il est inquiétant qu'il augmente et qu'il se concentre dans les catégories sociales déjà défavorisées. Dans la récente étude Pisa effectuée sous l'égide de l'OCDE, non seulement la France glisse de la douzième à la dix-huitième place, mais elle se révèle comme l'un des pays impuissants à corriger, grâce à l'école, les inégalités d'origine.
Le fameux élitisme républicain n'est plus qu'un miroir aux alouettes. La triste réalité est celle d'une inégalité des chances que l'école confirme au lieu d'éliminer, ce que les parents ont bien compris, comme en témoignent les stratégies pour inscrire les enfants dans le « bon » lycée ou les transférer dans une école privée.
Le système fonctionne à la sélection, mais sur la base de l'échec. Au lieu que les professions manuelles ou techniques soient choisies en raison des talents ou goûts de l'enfant, elles deviennent les débouchés repoussoirs, l'exutoire des recalés alors que, en Allemagne, le système mixte école/apprentissage forme toujours des techniciens valorisés.
Le tri sauvage continue, faute d'une sélection adéquate, fondée sur la qualification et les qualités de chaque étudiant. Le corps social ¯ à commencer par les étudiants ¯ refuse d'entendre parler de cette nécessaire orientation, mais se voile la face devant le scandale que constitue l'élimination d'un étudiant sur deux, au cours des deux premières années d'université.
Chaque année, des centaines de jeunes sont victimes d'un tri dont ils ne sont que partiellement responsables et qui se poursuivra encore sur le marché du travail. L'observatoire des zones urbaines sensibles vient de publier des chiffres qui témoignent de l'abîme dans lequel nous sommes tombés : 43 % des jeunes hommes et 37 % des jeunes femmes étaient au chômage fin 2009 !
L'indifférence des uns, l'aveuglement des autres aboutissent à ce paradoxe que la France dépense beaucoup pour des résultats piteux sur le plan économique, désastreux sur le plan social et lourds de conséquences sur le plan politique.
(*) Institut universitaire européen de Florence.
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