Avant l’élection présidentielle en Biélorussie, le régime d’Alexandre Loukachenko avait donné de petits signes d’assouplissement, qui avaient stimulé l’optimisme incorrigible qu’il faut parfois opposer aux obscurités de l’époque. Mais le pouvoir de Minsk est vite revenu à ses pires réflexes. Cet exemple rend prudent, quand on examine les moyens de surmonter cette autre crise de l’arbitraire, dont le théâtre est la Côte d’Ivoire. Pour les organisations et États qui appellent le président sortant, Laurent Gbagbo, à se démettre — Nations unies, Union africaine, États-Unis, Union européenne, Fonds monétaire international — la capacité à imposer ce départ est limitée. Sauf à risquer l’épreuve de force. Washington évoque avec la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest l’augmentation des effectifs de Casques bleus. Cela accroît la pression, mais pourrait ne pas suffire à faire plier le président cramponné. Il existe cependant deux autres voies, une élégante et une inélégante. Cette dernière — foin d’idéalisme — obéirait aux principes intangibles de la Realpolitik en tentant de miner le pouvoir de Laurent Gbagbo de l’intérieur, en « retournant » des appuis décisifs. Le chef de l’État en place a certes des sympathisants dans l’opinion ivoirienne, mais son autorité repose surtout sur quelques organes d’État, dont l’armée. Il n’est pas de bonne diplomatie, sans cette partie secrète qui peut sonder en sous-main les âmes de certains acteurs et leur tracer un autre avenir, sans la figure tutélaire usée. Mais cette option peut perpétuer des traditions de connivence, voire de corruption, dont les apôtres de la bonne gouvernance prétendent justement libérer la planète. Vaste programme.
Il reste donc une solution élégante, rarement avancée : retourner aux urnes ! La Commission électorale ivoirienne a proclamé Alassane Ouattara vainqueur, avec plus de 54 % des voix. Mais le Conseil constitutionnel a invalidé les résultats de sept départements pour fraude, et a déclaré M. Gbagbo élu, avec plus de 51 % des voix. En France, lorsque le résultat d’une circonscription est douteux, l’on y revote. De même, il conviendrait de redonner la parole aux citoyens ivoiriens dans les départements litigieux, sous contrôle de l’Onu, pour trancher.
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