TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 23 décembre 2010

Nouveau défi agricole

On peut accuser les spéculateurs, regretter les tensions en Côte d'Ivoire, s'emporter contre l'aléa climatique… la réalité est implacable : si le prix des matières agricoles flambe, cela n'est pas que pour des raisons conjoncturelles. Les sommets atteints en cette fin 2010 par le sucre, le blé ou l'arabica illustrent aussi de profonds bouleversements structurels.

Tant sur un plan démographique qu'économique, l'agriculture est, en ce début de XXI e siècle, confrontée à un nouveau défi. D'ici à 2050, la population mondiale devrait passer de plus de 6 à près de 9 milliards d'habitants. La planète va compter de plus en plus de bouches à nourrir. Et des bouches qui, portées par l'enrichissement de la majorité des économies, exigent une alimentation de plus en plus riche et variée. La planète agricole va devoir produire plus. Beaucoup plus : 70 % de plus d'ici à 2050, estime la FAO (1).

Fini l'époque où, dans les pays riches, on considérait que la priorité était de lutter contre la surproduction et de réduire les subventions. Plus qu'à la mise en jachère ou à l'instauration de mécanismes généralisés de soutien des prix, l'heure est à la recherche d'une augmentation de la production.

Pour produire plus, on peut, bien sûr, chercher à conquérir de nouvelles terres. Mais plus que la découverte de nouveaux horizons agricoles, la priorité doit être d'exploiter mieux les terres déjà cultivées en améliorant les rendements. Aussi bien dans les pays développés, que dans ceux en voie de développement, qui trop longtemps ont cessé d'investir dans la modernisation de leur agriculture. Comme pour n'importe quelle activité économique, il va falloir investir plus et mieux. Il faudra en particulier miser sur la technologie, en évitant de diaboliser par principe les OGM. D'autant que si les OGM de première génération avaient surtout pour vocation d'améliorer les marges des semenciers, les générations futures, qui doivent permettre de consommer moins d'eau ou de pesticides, seront bénéfiques également pour le consommateur-citoyen.

L'enjeu n'est pas qu'économique, il est aussi géopolitique. L'augmentation à venir de la population interviendra en grande partie en Afrique du Nord ou au Proche-Orient, dans des zones qui, en raison du climat et de la pénurie d'eau, continueront à importer massivement des denrées alimentaires. Si l'on ne veut pas voir se répéter les émeutes de la faim de 2008, si l'on veut minimiser les risques de conflits, il est donc impératif de garantir une hausse de la production, qui seule permettra d'éviter que la flambée actuelle des prix se transforme en bulle folle.


(1) « Sécurité alimentaire : un enjeu global », de Bernard Bachelier (Fondapol FARM)

0 commentaires: