Sortons des rêves et des nostalgies de certains pour les événements de 1968, 1995 ou 2006 et revenons-en aux réalités. La journée de manifestations d’avant-hier ressemblait grosso modo aux précédentes, les casseurs en plus. Les chiffres grossièrement gonflés des syndicats, l’exagération marseillaise a fait école, ne trompent plus grand monde.
Il y a dans toute la France un million de personnes qui défilent, autour de 80.000 à Paris et ce sont toujours les mêmes, des habitués, presque des professionnels. Ils bénéficient d’une bonne assistance logistique des municipalités et des syndicats avec des dizaines et des dizaines de cars venant de toute l’Ile-de-France vers Paris. Dans le million, deux tiers sont des fonctionnaires à l’emploi garanti avec une large proportion d’enseignants, de postiers, de personnels hospitaliers et autres services publics. Ici et là s’accrochent au train des squatters ayant des revendications catégorielles comme les éboueurs de Marseille ou les salariés des raffineries, pourtant largement protégés sur les retraites. Bref, ce sont des Français en nombre qui défilent mais ce n’est pas la France en mouvement et la majorité silencieuse continue de travailler quand elle peut trouver de l’essence.
– Pourquoi alors ces chiffres élevés de soutien dans les sondages ? Tout simplement parce qu’il y a une ambivalence de sentiments sur la réforme des retraites. On sait, on sent que c’est nécessaire, mais on préférerait ne pas avoir à travailler plus longtemps. C’est compréhensible, surtout quand la crise économique et financière mondiale a aggravé les conditions de vie, provoqué un chômage très important chez les jeunes et un large mécontentement.
– Cela étant, tout le monde sait que la loi sera votée et que poursuivre le cycle grève, blocage, manifestation ne servirait pas à grand-chose sinon à donner du grain à moudre aux extrémistes et aux casseurs.
La sagesse serait pour les grandes centrales syndicales de prévoir une pause et pour Nicolas Sarkozy de savoir écouter le peuple en faisant une grande ouverture sociale. Pourquoi pas un Grenelle pour l’emploi des jeunes ?
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