TOUT EST DIT

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samedi 23 octobre 2010

Ouverture, négociation, justice, légalité


Tout le monde est d'accord : moins de cotisants, plus de retraités conduisent forcément à une adaptation du système de retraite aux évolutions démographiques. Les avis divergent sur les solutions. Le problème est d'une si grande complexité que, déjà, des tentatives ont échoué. Les retards accumulés compliquent l'adaptation et obligent à aller de l'avant rapidement. Le choc est alors plus intense. Mais, si l'on retarde encore, il sera plus dur et plus brutal. Nul ne souhaite laisser aller les choses pour, à la fin, se trouver dans la situation du Royaume-Uni, obligé de recourir à des mesures extrêmement dures qui frappent tout le monde d'une rigueur jamais vue.
Cette nécessité d'avancer ne doit pas empêcher échanges et négociations. Ce n'est pas parce que la loi est votée que tout est terminé. Le Sénat vient de faire une ouverture en vue de remettre tous les systèmes à plat pour bâtir autre chose. Cette autre chose ne pourra se réaliser que dans la concertation la plus ouverte. Ce ne sera pas facile, car certains systèmes très privilégiés seront défendus encore avec acharnement par ceux qui en bénéficient.
Puisque l'on parle de justice à propos de la réforme, il convient aussi d'en parler au sujet du système actuel qui cultive des différences invraisemblables, aussi bien à propos de l'âge des départs en retraite qu'au sujet du calcul de leur montant. Ainsi, dans nombre de professions, on prend sa retraite bien avant 60 ans. C'est le cas à la SNCF, à la RATP (sauf pour les personnels administratifs) et, pour environ un quart de la fonction publique, on s'en va à 55 ans. Les aiguilleurs du ciel, par exemple, s'en vont, eux, à 50 ans.
Le taux de cotisation du régime privé est fixé à 10,55 %, celui des fonctionnaires à 7,85 %. Le montant de la retraite dépend des vingt-cinq meilleures années pour les salariés du privé, mais des six derniers mois pour les fonctionnaires, et même du dernier salaire perçu pour certains régimes spéciaux. On imagine l'ampleur des écarts qui sont encore plus importants pour certaines catégories de travailleurs, comme les agriculteurs, souvent oubliés dans tout cela.
Non aux extrémistes
Dans la crise actuelle, pourtant, ce sont souvent ceux dont les retraites ne sont pas mises en cause, ceux qui sont les plus avantagés qui se mettent en flèche, c'est-à-dire en grève bloquante... Cela pose un certain nombre de questions sur la nature de leur action et sur leurs intentions.
Il est bien que l'on parle de justice et qu'elle soit recherchée honnêtement par tous. Mais il faut aussi parler de la légalité. La grève est un droit, mais le blocage n'en découle pas comme un droit. N'oublions pas que l'entrave au travail, à la circulation des personnes et des biens est un délit. Y recourir, c'est attaquer les principes même de la République. Ce n'est donc pas tolérable.
Certains affichent leur volonté de bloquer l'économie du pays. Mais pour déboucher sur quoi ? Un désastre étendu à la France comme celui que l'on constate actuellement à Marseille et qui conduit, par son ampleur, les responsables politiques de droite et de gauche à appeler à l'arrêt du mouvement.
Blocage ? C'est aussi la mise en graves difficultés de nombreuses activités. Nous entendons les appels angoissés de commerçants, responsables de PME et artisans qui sont en train de sombrer alors que, disent-ils, « on commençait à percevoir des signes de reprise ». Ne parlons pas des lycées, souvent bloqués par des éléments extérieurs aux établissements et cela malgré le désir des élèves d'aller étudier.
Même si, d'après les sondages, la protestation est assez générale en France, une majorité de Français réprouve les méthodes antidémocratiques auxquelles recourent les bloqueurs. Ils veulent protester, mais autrement, car ils savent bien que de telles méthodes conduisent aux affrontements et favorisent les extrémistes de droite et de gauche.Ce qui, généralement, entraîne, à terme, un regain d'autoritarisme, alors que le moment est venu de se mettre en condition de cette relance sociale souhaitée par l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.

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