TOUT EST DIT

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mardi 7 septembre 2010

Dans le vacarme de la vuvuzela

C'est assez drôle, quand même. « Écouter », « écouter », « écouter »... La majorité a promis « d'écouter » la rue. Qu'elle prépare ses tympans car elle sera servie. Ce sera bruyant. Très. Assourdissant. La première sortie de la vuvuzela dans une manifestation française tiendra toutes ses promesses. Elle donnera à l'ampleur des cortèges une puissance supplémentaire qui compensera une météo défaillante.
L'Élysée et Matignon préfèrent envisager le pire. Plus de deux millions de personnes dans la rue. Une mobilisation « massive », emblématique d'une contestation que le pouvoir assume par avance : il l'a même déjà intégrée à sa stratégie. A la limite, Nicolas Sarkozy souhaite cette épreuve de force. S'il triomphe, alors il aura apporté la preuve qu'une réforme peut s'imposer en dépassant l'incompréhension sociale. Que le courage et l'obstination peuvent avoir raison des résistances au changement. Que le volontarisme politique est capable de braver l'impopularité quand il avance au nom de l'avenir du pays. Le président de la République a finalement beaucoup plus à gagner qu'à perdre dans ce mardi « de tous les dangers ». Le souffle de la vuvuzela finira bien par s'éteindre. A l'usure.A la manœuvre, le général Sarkozy a un coup d'avance, en effet. Tel un rouleau compresseur la machine législative est lancée, et elle est déjà sur les talons des manifestants. Un blitzkrieg. Seulement 50 heures de débats programmées à l'Assemblée, une procédure accélérée avec une seule lecture dans chaque chambre : tout ira si vite que les mécanismes de blocage n'auront même pas le temps de pétrifier l'opinion. Tout sera voté avant que la révolte ne soit irréversible.
C'est un pari et, comme tous les paris, il est forcément risqué. D'autant plus qu'il a été fait au moment où la France semblait adhérer de plus en plus largement à l'idée qu'il faudra travailler plus longtemps, au moins jusqu'à 62 ans, pour sauver le régime des retraites. L'argument démographique a pesé, et l'opposition, sans dispositif de rechange, a montré ses limites. Mais voilà que les derniers sondages montrent que les Français soutiennent aussi, à 70%, et sans état d'âme, ce mardi de grève. Dans cette ambivalence très française, laquelle des deux attitudes apparemment contradictoires va dominer l'autre ?
Le sentiment d'injustice sera décisif. Le gouvernement l'a anticipé, prêt à sortir de sa manche des options pour la pénibilité ou les longues carrières. Mais en retardant le tour de passe-passe jusqu'à l'ultime moment, il en a déjà amoindri l'efficacité. Tout le monde a bien vu que le lapin est dans le chapeau... Et surtout, l'artiste - en l'occurrence, le ministre du Travail - a épuisé son crédit auprès du public. La confiance, impalpable, s'est dissoute dans l'ombre de l'argent.

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