TOUT EST DIT

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lundi 23 août 2010

Rentrée dans la niche d'Ali Baba

Voilà, c'est fini. Vacances terminées pour le petit monde politique. Plus de blanc rassurant sur le cahier de textes de cette semaine. Conseil des ministres mercredi, premier déplacement en province du président de la République vendredi, universités d'été du PS, du NPA, du Nouveau Centre... Le grand cirque recommence une nouvelle saison sans même avoir tombé le rideau sur les numéros polémiques de la précédente. Sans avoir vraiment fait relâche. C'est la faute au quinquennat, M'sieur, et à son rythme endiablé. Les passions n'ont plus le temps de prendre des congés et de se mettre en sommeil sous le soleil de l'été. Chaque semaine compte, désormais. Et il n'y en a plus « que » 85, environ, jusqu'à l'échéance de mai 2012...
Vite, rentrer à Paris. A la niche, à la niche. Puisqu'on ne parlera sans doute que de ça dans les prochains jours. De ces dix milliards d'économie récupérés en grattant dans les multiples avantages fiscaux et sociaux, petits et grands, injustes ou pertinents, gratuits ou rentables dont bénéficient toutes sortes ou catégories de contribuables et de citoyens. Une caverne d'Ali Baba représentant au moins 157 milliards de manque à gagner par an pour l'État, selon Bercy.
A coup sûr, l'incertitude va alimenter toutes les spéculations. Annoncer un coup général de varlope le 20 août (le rabot, décidément, sera l'objet politique de l'automne !) en repoussant le détail à la mi-septembre, sans dire tout de suite le qui, le quoi, le pourquoi et le comment, ça va faire voler des copeaux d'inquiétude partout. Du petit bois supplémentaire dans le feu protestataire programmé dès la première semaine du mois prochain.
Pour les uns, c'est de la rigueur par la preuve, un ingrédient comptable indispensable pour assainir les comptes publics. Pour les autres, c'est un catalogue de ponctions présentées comme marginales mais qui vont affecter l'équilibre budgétaire déjà délicat d'un certain nombre de ménages et d'associations.
En fixant le niveau de la soustraction, le chef de l'État a fait le plus facile. Habituée à fonctionner avec une panoplie d'arrangements fiscaux et sociaux, la société française n'a pas tant de marges que ça. L'opération sera forcément douloureuse, et sensible. Rien ne sert de finasser : moins de réduction sur moins d'impôt, ça fait forcément plus d'impôt au final. Moins par moins égale plus, c'est mathématique !
Cette réalité va obliger le gouvernement à revoir son discours sur une logique fiscale que la majorité n'a cessé de diaboliser depuis la campagne de 2007. Dénigrer perpétuellement une source de recettes pour l'État, et le moyen principal de redistribution de la richesse d'un pays est, pour tout pouvoir, une impasse politique.

Olivier Picard

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