TOUT EST DIT

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lundi 23 août 2010

Le débat politique s'annonce dur

Signe que l'on est en campagne présidentielle, la politique, cet été, n'a pas pris de vacances. Candidat non déclaré, Nicolas Sarkozy a déjà lancé l'opération reconquête en durcissant le ton sur la sécurité. À l'Élysée, il n'a pas échappé qu'en un an, le paysage a beaucoup changé.

Grisée par les affaires et par son lyrisme antisarkozyste, l'opposition aurait tort d'enterrer trop vite la majorité. Il reste que le gouvernement aborde la rentrée en situation fragile.

Il va devoir voter, dans une urgence inutile, une réforme des retraites qui aurait exigé d'être plus anticipée, plus progressive et plus inventive.

Pris à contre-pied par une crise sans fin et une croissance 2011 déjà revue à la baisse, il est condamné à tailler, plus que prévu, dans le vif des dépenses publiques et à produire autant de mécontents qu'il existe de bénéficiaires des « niches » fiscales menacées.

Il va affronter les réactions grandissantes, y compris en son sein, à une gouvernance qui stigmatise plus qu'elle ne résout, qui divise plus qu'elle ne rassemble. L'insécurité en est un exemple.

En répétant, après trente textes votés et huit ans d'action, qu'il prend le taureau par les cornes, Nicolas Sarkozy répand l'idée que les résultats déçoivent. En proposant, dans le dossier des Roms, une réponse brutale et nationale, il oublie, s'agissant de citoyens de l'Union, que la solution est d'abord européenne. En menaçant de déchoir certains Français de leur nationalité, il risque d'enfreindre le principe constitutionnel de l'égalité devant la loi.

Pendant ce temps-là, et ceci explique en partie cela, les oppositions se renforcent.

Martine Aubry, comme le confirmait, hier, le sondage Ifop pour dimanche Ouest-France, a ressuscité un Parti socialiste qui va donner de la voix, dès vendredi, à La Rochelle. En se réenracinant chez les jeunes et dans les classes populaires, elle s'affirme comme opposante en chef, à défaut d'être une « proposante » crédible.

À Nantes, ce week-end, les écologistes, eux-mêmes surpris par leur inhabituel accord, ont su dépasser leurs querelles de courants et d'ego pour adopter le principe d'un grand parti unifié et pour porter, à l'applaudimètre, la respectable Eva Joly, révélation des européennes, sur l'estrade de la présidentielle.

Le Front national, alimenté par une actualité qui se porte sur ses thèmes de prédilection et servi par le lepénisme malin de Marine, remonte. Une partie au moins de son électorat ne reviendra pas vers Nicolas Sarkozy.

Dominique de Villepin, à la tête de son jeune parti République solidaire, affiche une motivation carnassière pour combattre le président de la République sur le terrain des valeurs gaullistes, du respect des institutions et de la grandeur de la France. Même Hervé Morin, pourtant allié de l'UMP, pourrait lui compliquer la vie, au premier tour, en prétendant compter les voix centristes.

Devant autant de difficultés et de concurrences, et alors que la gauche, pour la première fois depuis dix-sept ans, commence à croire en sa bonne étoile présidentielle, il faut s'attendre, bien sûr, au remaniement annoncé en octobre, mais surtout à vingt et un mois d'affrontements très durs.


Michel Urvoy

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