TOUT EST DIT

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vendredi 13 août 2010

Drogue, un vrai débat

Faut-il ouvrir en France des centres où, supervisés par des professionnels, des toxicomanes pourraient s’injecter la drogue dont ils sont dépendants ? Des « salles de shoot », selon une formule qui fait frémir. Des associations et des spécialistes de santé jugent que ce peut être un moyen – expérimenté déjà dans plusieurs pays – de limiter les risques supplémentaires encourus par les toxicomanes (infection par le virus du sida ou de l’hépatite C) et d’entrer en contact avec certains d’entre eux, qui échappent à tout suivi sanitaire. Ce peut être aussi une manière d’éviter que, publiquement, dans la rue, des gens se droguent sans un minimum d’hygiène.

Si la gauche dans son ensemble se dit favorable au dispositif, au sein de la majorité les avis sont partagés. Un communiqué de Matignon a jugé, mercredi, que de telles salles n’étaient « ni utiles, ni souhaitables ». On suppose que le gouvernement, engagé dans une campagne de fermeté affichée sur la sécurité, n’a guère envie d’apparaître laxiste sur un tel sujet. Une fin de non- recevoir plus électorale que politique. Pourtant, n’en déplaise au collectif d’associations qui militent en faveur de tels centres, s’y opposer, comme le font le premier ministre ou la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, ne relève pas d’une « démagogie obscurantiste ». On peut légitimement s’interroger sur la banalisation que représenterait un tel encadrement organisé, sur la contradiction qu’il peut y avoir à lutter contre la toxicomanie tout en l’accompagnant. Il est naturel de se demander si ce ne serait pas un premier pas vers la dépénalisation, si cela permet réellement de mieux suivre les personnes et de les conduire vers un éventuel sevrage…

Un sujet si douloureux devrait être abordé sans idéologie. Or, la France s’est lancée dans un de ces affrontements dont elle a le secret, où sont assénés des arguments aussi définitifs qu’excessifs. L’idée de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, était de lancer une concertation avec quelques collectivités locales pour étudier la possibilité d’ouvrir de tels centres. Concertation, expérimentation, évaluation, et puis, après un vrai débat, décision. L’enjeu le vaut bien.



Dominique Quinio

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