La France des universités fait davantage penser à celle du foot qu'à celle de la natation ou de l'athlétisme. Dans la dernière édition du désormais célèbre classement de l'université de Shanghai, révélé en exclusivité par " Les Echos ", elle place à peine trois établissements parmi les cent premiers mondiaux (Pierre-et-Marie-Curie, Paris-Sud et l'Ecole normale supérieure de Paris). Un score aussi médiocre que les années précédentes, malgré le déplacement en Chine de la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, pour expliquer les subtilités de notre système universitaire aux responsables du classement, malgré les regroupements opérés ces dernières années pour rassembler les forces académiques sous des marques ombrelles plus faciles à capter par le radar de Shanghai.
Ces efforts pour progresser dans un classement fragmentaire peuvent paraître vains. Ils sont au contraire essentiels. Le travail des chercheurs chinois s'est imposé comme la référence planétaire en moins d'une décennie. Des jeunes du monde entier le prennent en compte au moment de choisir leur lieu d'études. C'est donc une arme majeure dans la guerre pour les talents, mère de toutes les batailles économiques dans l'économie du savoir. Beaucoup de diplômés parmi les plus brillants restent dans le pays où ils ont étudié (un quart des Américains distingués par le Prix Nobel d'économie sont par exemple nés ailleurs qu'aux Etats-Unis). Et ceux qui rentrent chez eux gardent souvent des liens privilégiés avec la communauté universitaire qui fut la leur.
Ce classement a pourtant bien des défauts que ses concepteurs reconnaissent volontiers. Il porte sur la recherche et non sur l'enseignement (ce qui désavantage la France, où la recherche est largement logée au CNRS, qui n'est pas une université). Il favorise les publications anglophones (la première université ni américaine ni britannique, celle de Tokyo, se trouve au vingtième rang). Il est trop sensible aux Prix Nobel (si Berkeley grimpe cette année sur la deuxième marche du podium, loin derrière Harvard mais en dépassant Stanford d'une tête, c'est parce que l'un de ses professeurs, Oliver Williamson, a obtenu le Nobel d'économie en 2009). Mais il n'y a pas d'autre choix : il faut faire avec. Les gouvernants français l'ont compris.
Les réformes et les démarches menées par Valérie Pécresse devraient finir par exercer des effets positifs sur le rang des universités tricolores dans le classement, comme on l'a vu pour d'autres pays. Mais il faudra mener encore bien d'autres actions pour développer l'excellence universitaire. Bien au-delà du classement de Shanghai.
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