TOUT EST DIT

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vendredi 20 novembre 2009

Présidence du Conseil européen: pourquoi avoir choisi un illustre inconnu?

UNION EUROPEENNE - La nomination de Herman Von Rompuy a été accueillie avec déception...
Le premier ministre belge Herman Rompuy a été désigné jeudi soir par le conseil européen. Revue de détail des questions qui se posent après ce choix d'un quasi-inconnu à la tête du Conseil européen.


Comment la presse et les politiques ont-ils réagi?
Mal. Selon Daniel Cohn-Bendit, l'Union européenne «touche le fond» avec la nomination du Premier ministre Belge. Michel Rocard a estimé que son arrivée était «une mauvaise décision». Tout ça pour ça, regrette l'ancien premier secrétaire du PS François Hollande dans un billet sur son blog. Même Valéry Giscard d'Estaing évoque une nomination symptôme d'une «ambition limitée». La presse européenne n'est guère plus tendre. Pour le quotidien espagnol de El Pais, «la nouvelle Europe concrétisée par le Traité de Lisbonne sera commandée par deux figures ternes et de bas profil». Le Financial Times qualifie l'arrivée de Van Rompuy et Ashton à la tête de l'Union européenne comme un «objet de consternation».

Quels seront les pouvoirs du président du conseil européen?

Que reproche-t-on à Herman Van Rompuy?
D'être un inconnu. C'est tout le problème: Premier ministre de la Belgique depuis à peine un an, Herman Van Rompuy cultive un profil discret, voire austère. Peu connu dans son pays, il est arrivé au pouvoir en Belgique à la suite de la chute du gouvernement d'Yves Leterme. Un profil de «petit nouveau» selon l'expression de Michel Rocard, qui ne colle pas forcément avec l'idée d'un «président de l'Union européenne» - en réalité président du conseil des chefs d'Etat et de gouvernement -, qui parlerait d'égal à égal avec les grands de ce monde.

Mais alors pourquoi les 27 l'ont choisi?
Un peu pour la raison précédente. En fait, les chefs d'Etat et de gouvernement réunis mercredi n'ont pas voulu d'un président du Conseil européen qui pourrait leur faire de l'ombre. Et pour cause: ce sont eux qui le désignent, et lui n'est pas élu. De plus, sa notoriété relativement faible et le fait qu'il n'ait pas été candidat ont favorisé la naissance d'un compromis sur son nom, avancé notamment par la France et l'Allemagne. Les réticences des Britanniques ont été levées à partir du moment où le poste de Haut représentant aux affaires étrangères a été proposé à une de leur compatriotes, la commissaire européenne Catherine Ashton. Bref, la personnalité d'Herman Van Rompuy a favorisé l'émergence d'un consensus à minima. C'est ce qui a motivé entre autres le rejet de la candidature de Tony Blair, qui avait un profil avec plus de pionts de clivage: la guerre en Irak; la décision de la Grande-Bretagne de ne pas faire partie de l'espace Schenghen, et de ne pas être passée à l'euro, entre autres.

Cette nomination est-elle une surprise?
Pas vraiment au vu de la définition du poste. Le président du Conseil européen cohabite avec trois autres institutions européennes. D'abord, la Commission européenne, présidée par José Manuel Barroso. Ensuite le Parlement européen. Et enfin le Conseil de l'Union européenne, où les ministres sont réunis par domaines de compétences. Toutes les trois procèdent plus ou moins d'une élection. Le président du Conseil européen, lui, n'est pas élu, il n'a aucune autorité sur les autres institutions. Sans compter que le concept de présidence tournante tous les six mois continue en ce qui concerne le Conseil de l'Union européenne, qui réunit les misnistres, à l'exception des ministres affaires étrangère, dont le conseil est présidé par le Haut représentant.

Alors pourquoi tout le monde s'énerve?
A la fois à cause d'un malentendu et d'un choix politique. Le terme «président de l'Union européenne» était un abus de langage, puisqu'il s'agit de la présidence du Conseil européen. De même que la volonté que grâce à lui l'Europe puisse parler d'une seule voix, puisque plusieurs institutions cohabitent au sein de l'UE. Tout dépend toutefois de la personne qui incarne la fonction.

Pourquoi, à part Tony Blair, les candidats étaient tous des inconnus?
Parce qu'il faut abandonner ses mandats nationaux pour exercer la fonction. Contrairement à la présidence tournante de l'Union européenne, traditionnellement assumée par le chef de l'Etat du pays concerné, le poste de président du Conseil européen ne peut exercer de mandat dans son pays. Ce qui dissuade de postuler un politique au sommet de sa popularité, ou bien se voyant encore à court terme un avenir dans son pays.
E.J.

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