TOUT EST DIT

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lundi 2 novembre 2009

Où l’on reparle du Jyllands-Posten et des caricatures de Mahomet

Un projet d'attentat contre le quotidien danois vient d'être déjoué. Celui-ci en profite pour clamer qu'il continuera à user haut et fort de la liberté d'expression et du droit à la satire.
Grâce à l'efficacité de la police, deux hommes soupçonnés de préparer des actions terroristes contre Jyllands-Posten ont été arrêtés aux Etats-Unis. En attendant la décision judiciaire, il convient de rappeler le fond de cette affaire.

Les premières menaces de mort à l'encontre du quotidien danois Jyllands-Posten qui avait publié "les visages de Mahomet" datent de l'automne 2005. Elles ont continué en flux régulier pour culminer début 2006. Puis, en février 2008, un attentat projeté par trois musulmans contre Kurt Westergaard [l'un des caricaturistes] a été déjoué, tandis que, quelques mois plus tard, l'ambassade du Danemark au Pakistan faisait l'objet d'une attaque terroriste qui tua plusieurs personnes. Un groupe lié à Al-Qaida revendiqua cette action en déclarant qu'il s'agissait de représailles après la nouvelle publication du dessin de Kurt Westergaard dans les journaux danois et que, par ailleurs, les actes terroristes continueraient tant que le Danemark n'aurait pas puni les responsables et donné l'assurance que ce genre d'événement ne se reproduirait plus.

Terrorisme et intimidation se combinent ainsi pour inciter les gens à modifier leur comportement dans le sens souhaité par les auteurs de ces menaces. Cela s'est déjà vu sous l'Occupation. C'est ce qui se passe dans le monde musulman lorsque des minorités ethniques et religieuses sont persécutées ou partout ailleurs quand des opposants à tel ou tel régime sont menacés d'emprisonnement ou subissent la torture. Mais c'est aussi ce qui se passe lorsque des médias jugés trop critiques sont censurés, voire carrément interdits.

Les auteurs des menaces et des actions préparées contre Jyllands-Posten n'ont pas apprécié la publication des caricatures de Mahomet. Ils ont exigé leur interdiction et tenté d'intimider la population danoise. Malheureusement - mais il fallait s'y attendre -, certains ont pointé du doigt le journal comme étant responsable des menaces terroristes visant le Danemark. C'est une erreur. Et rien ne peut justifier le recours à la violence et aux menaces contre des citoyens exerçant les droits que leur garantit la Constitution. Il s'agit d'un principe qu'il nous faut absolument préserver au nom de la liberté et de la sécurité.

L'Histoire nous enseigne en effet que, si l'on commence à céder à la terreur et aux menaces, celles-ci ne vont pas diminuer. Bien au contraire, elles ne feront que redoubler car, lorsqu'un individu, un média ou une société cèdent à l'intimidation, cela prouve aux terroristes que leurs actes odieux et méprisables ont eu l'effet souhaité.

L'arme la plus efficace contre les menaces terroristes, c'est donc de montrer que nous ne sommes pas disposés à céder sur les principes qui assurent notre liberté et notre prospérité. Nous signifions ainsi clairement aux adversaires de la liberté d'expression qu'en dépit de leurs actes et de leurs tentatives d'intimidation nous continuerons d'agir comme nous l'avons toujours fait - voire nous pratiquerons la dérision et le mépris.

Certains n'approuvent pas cette attitude car nous vivons à une époque où une nouvelle forme de fondamentalisme menace la liberté. Il ne s'agit pas de fondamentalisme religieux ou politique. Non, ce qui constitue la plus grave menace contre la liberté, c'est le fondamentalisme de l'outrage. C'est un courant de pensée selon lequel quiconque a subi un outrage a le droit de réagir violemment. Ce fondamentalisme-là sert de fil conducteur aux nombreuses tentatives pour limiter la liberté d'expression dont nous sommes témoins ces temps-ci. Il est grand temps de tirer la sonnette d'alarme.

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Ce n'est pas pour rien que la presse danoise est n° 1 au palmarès de la liberté d'expression publié récemment par Reporter sans frontières. Explications d'Anthony Bellanger sur I>TELE :

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