TOUT EST DIT

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vendredi 6 novembre 2009

A mi-mandat, Nicolas Sarkozy a du mal à retrouver sa « magic touch »

Deux ans et demi après son élection à l'Elysée, le chef de l'Etat répond aux difficultés qui s'accumulent par la poursuite des réformes. A son agenda : les retraites, le cinquième risque et la justice. S'il concède certaines erreurs, sur Jean Sarkozy notamment, il a décidé de ne rien changer à son management, à son exposition permanente et à son rythme d'action.

Nicolas Sarkozy côte à côte avec Angela Merkel pour rallumer la flamme du soldat inconnu : la petite parenthèse commémorative qui s'ouvre la semaine prochaine (lundi à Berlin pour la chute du Mur, mercredi à Paris pour le 11 novembre), est accueillie comme une respiration par l'Elysée. Le président de la République, qui arrive aujourd'hui à la mi-mandat (il a été élu le 6 mai 2007), ou plutôt à la « mi-temps » selon le terme utilisé par ses proches, traverse la passe la plus difficile depuis son élection. Dans les premiers mois, son mode de vie avait certes fortement troublé son électorat. Mais cette fois, le problème est bien plus large, comme si c'était le « système Sarkozy » lui-même qui était atteint. La blessure de l'« ouverture » a été ravivée dans les rangs de la droite par la polémique sur Frédéric Mitterrand, les doutes sur le management centralisé du président ont été aiguisés par l'affaire Jean Sarkozy, et les recettes qui lui avaient toujours permis de rebondir sont depuis deux mois restées sans effet : les chantiers ouverts sans relâche ont soit déçu (lycée, jeunes..) soit suscité des polémiques d'une rare violence (taxe carbone, taxe professionnelle…).
Une majorité en rébellion

Tout se passe comme si l'activisme présidentiel ne suffisait plus à effacer les « couacs » et à entraîner la machine, son omniprésence à donner le sentiment d'une majorité bon gré mal gré en ordre de marche, son énergie à convaincre l'opinion. Les sondages repartent à la baisse (- 6 points en novembre d'approbation à 39 % selon l'Ifop pour « Paris Match »), la majorité parlementaire est en rébellion permanente et, fait nouveau, des figures de l'UMP comme les trois anciens Premiers ministres Alain Juppé, Edouard Balladur et Jean-Pierre Raffarin n'hésitent plus à dire ouvertement ce qu'ils pensent de telle ou telle réforme. Et dans des termes peu amènes. Le tout, dans une situation économique encore très défavorable. Ou peut-être trop peu pour servir de tremplin politique. L'année dernière, la chute de Lehman Brothers et la crise financière avaient été l'occasion pour le président de montrer ses qualités de réactivité et d'audace. Les mois qui viennent s'annoncent tout juste moroses.

Ce climat n'a évidemment pas échappé à l'Elysée, même si les proches du président s'attachent à en minimiser l'impact. « Il faut regarder cela sur la durée… Le bilan se fera à la fin du quinquennat », « dégripper les moteurs du changement sans remettre en cause le modèle social et culturel français », assure-t-il. « Le chef de l'Etat se dit : « J'ai des convictions, je les mets en oeuvre. Cela heurte parfois mon électorat, mais c'est nécessaire à la France »,
Reprendre la main

Ces derniers jours, le chef de l’Etat s'est déployé comme jamais pour tenter de reprendre la main. Il a tapé du poing sur la table face aux ministres et conseillers frondeurs, il a reçu des journalistes, il a rappelé que Barack Obama rencontrait des difficultés au bout d’un an seulement, et a même reconnu certaines « erreurs » – fait rare –, notamment d'avoir pensé que l'accession de son fils à la tête de la Défense passerait sans dommages. Mais la remise en cause s'arrête là. Sur l'essentiel, sur son management (lire ci-dessous), sur son exposition permanente et sur le rythme des réformes, le président ne lâche rien. La « nouvelle étape » ne sera enclenchée qu'après les élections régionales de mars ; le cap de la modernisation du pays est inchangé ; l'ouverture reste d'actualité, tout comme la volonté de conforter les électeurs de la droite traditionnelle et d'éviter le départ de ceux venus de l'extrême droite. Ces derniers temps, l'UMP et les ministres ont multiplié les initiatives sur « nos valeurs », comme dit Xavier Bertrand : débat sur l'identité nationale, couvre-feu pour les délinquants de moins de 13 ans pour les plus récents, sans parler de la suspension des allocations familiales pour absentéisme scolaire que l'UMP a fixé à son agenda. Le président, lui, entend dans les prochains mois lancer les réformes des retraites, du cinquième risque (dépendance) et de la justice (suppression du juge d'instruction notamment). En espérant que cet automne n'aura été qu'une mauvaise passe... et qu'il n'a pas ouvert une « seconde étape » , malgré lui, de heurts constants, semblable à celle qu'ont connue tous ses prédécesseurs à compter de leur « mi-temps ».
CECILE CORNUDET, Les Echos

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