TOUT EST DIT

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mercredi 12 février 2014

« Réactionnaires », disent-ils… Prenons-les au mot !

« Réactionnaires », disent-ils… Prenons-les au mot !


Il y a treize jours, à propos de la Manif pour tous du 2 février dont les participants s’opposaient à la théorie du genre, Le Mondetitrait : Le réveil de la France réactionnaire. Nous avons eu droit, deux jours plus tard, dans un autre quotidien de gauche, à l’interview d’une « historienne spécialisée de la droite » Mme Danielle Tartakowsky, diagnostiquant le retour d’une « France maurrassienne, même sans le savoir ». Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, la « France catholique conservatrice », cette France « moisie », ferait du Maurras en toute ignorance de cause. Une France « conservatrice tant que la droite était au pouvoir, devenue réactionnaire depuis le retour de la gauche… ». En réaction sans doute à l’idéologie gouvernementale et aux provocations ministérielles ? Pour deux autres rédacteurs de ce même journal, « François Hollande alimente l’hydre réactionnaire ». En lui jetant en pâture des morceaux saignants de « réformes sociétales » qu’il est ensuite parfois contraint de lui retirer de la bouche ?
Jeudi, toujours dans Libération, Alain Duhamel, l’un des oracles les plus écoutés du monde politique, dressait ce constat navré : « La France vire à droite ». Il résumait par ailleurs les causes de ce virage : « crainte du chômage, peur du déclassement, effroi de l’insécurité, obsession d’un déclin dont les Français tiennent désormais le gouvernement pour responsable. (…)Des fractions de plus en larges de la société civile paraissent avoir atteint un point d’exaspération tel que des protestations de masses deviennent possibles, voire redoutables. Fiscalité, famille, chômage, insécurité peuvent soudain coaguler ou exploser ». Plus loin, Duhamel citait les résultats d’une enquête du Centre d’études de la vie politique (Cevipol) : « institutions dévalorisées, personnel politique méprisé, sentiment d’échec absolu partagé, (…) déclinisme triomphant,demande pressante d’autorité, nostalgie du chef charismatique ». Une mauvaise météo politique pour une gauche déjà à moitié sinistrée.

L’erreur permanente
Il y a un an, Michel Rocard, dans un ouvrage écrit en collaboration avec l’utopiste Pierre Larrouturou, avertissait : La gauche n’a plus droit à l’erreur. Un droit dont cette dernière a pourtant abondamment usé et abusé au cours de ses 21 mois de pouvoir : errements, fautes, fourvoiements, bévues… Tous les quiproquos possibles et imaginables ! Une politique où la confusion le dispute aux aberrations en tous genres, y compris celui de la théorie du même nom. Avec cette gauche au pouvoir, ce n’est plus tout à fait la révolution, mais l’erreur qui est permanente.
Le Times de la semaine dernière s’interrogeait : François Hollande peut-il réparer la France ? Avec sa fameuse « boîte à outils », évoquée lors d’une conférence de presse ? Des outils avec lesquels le bricoleur élyséen n’a réussi qu’à provoquer des courts-circuits dans la société française, dont il est en train de faire sauter les plombs. Même dans son propre camp, où la gauche du PS, irresponsable par nature, conteste son « pacte de responsabilité ».

Pape Diouf sur le terrain
Avant qu’il ne soit rattrapé par son affaire d’arbitrage truqué, certains espéraient, tandis que d’autres le redoutaient, voir Bernard Tapie briguer de nouveau la mairie de Marseille. Cela nous aurait au moins rajeuni de quelques années. Mais la justice ayant mis une nouvelle fois l’ancien président de l’OM hors-jeu, c’est un autre ex-président de ce club de foot qui est entré mercredi dernier sur le terrain de l’élection municipale marseillaise : Pape Diouf !
Patrick Mennucci, le candidat socialiste, avait espéré attirer ce dernier sur ses listes. Mais finalement l’ancien journaliste sportif et ex-dirigeant de club, qui refuse de se laisser « phagocyter par les idéologies et les partis », a préféré faire bande à part et prendre la tête de listes assez composites, réunissant des militants de diverses associations, d’anciens socialistes, des dissidents écologistes, des élus du MoDem et des laissés pour compte de tous horizons… Une candidature qui contrarie le PS. Bien sûr, Pape Diouf argumente que ses listes « de la diversité » permettront à la gauche de « ratisser plus large » pour le second tour. Mais auparavant elles risquent, lors du premier tour, d’affaiblir dangereusement le PS. Pape Diouf est populaire à Marseille (les sondages lui donnent d’entrée de jeu 5 % des suffrages), surtout dans les quartiers nord. Ses électeurs potentiels seront, pour beaucoup d’entre eux, soustraits à l’électorat du PS. Et entre les deux tours, les fusions entre les listes de Pape Diouf et celles de Patrick Mennucci risquent de faire quelques étincelles.
Pape Diouf qui veut, comme Chirac en 1995, « réduire la fracture sociale », avance aussi comme objectif et alibi à sa candidature une volonté de récupérer des électeurs tentés par le Front national. En réalité, sa candidature pourrait bien avoir l’effet inverse : faire monter le FN en pourcentage en lui permettant peut-être de dépasser les 20 %. Ce dont nous ne pouvons que nous réjouir. La première victime de cette candidature de l’ancien dirigeant sportif semble bien être le Front de gauche. Pape Diouf va-t-il marquer contre son camp ? C’est bien ce qu’espèrent Jean-Claude Gaudin et, pour le Front national, Stéphane Ravier. Et ce que, de l’autre côté, redoutent Patrick Mennucci et Samia Ghali…

Grenoble : gauche contre gauche
A la vue des derniers sondages, le PS s’inquiète pour trois villes qu’il pensait, jusqu’au début de ce mois, pouvoir conserver sans problème : Toulouse, Strasbourg et Reims. Ce n’est plus tout à fait aussi sûr aujourd’hui. « Depuis quinze jours, on sent nettement une plus grande implication du national dans le vote des gens » constate la socialiste Adeline Hazan, maire de Reims. Ce national aux effets délétères effraie tout particulièrement les élus de gauche. Sauf à Paris où le national, si handicapant soit-il, ne semble toujours pas contaminer la campagne d’Anne Hidalgo. Il est peu probable que la présence, lundi soir, de Nicolas Sarkozy (très applaudi par les militants UMP) au meeting de NKM suffise à inverser les courbes des deux femmes. Anne Hidalgo tient nettement la corde.
Petite spécificité grenobloise. Dans la capitale dauphinoise, la gauche est solidement implantée. Les socialistes, qui occupent la mairie depuis 1995 (année des ennuis judiciaires de l’ancien maire RPR Alain Carignon) pourraient néanmoins se voir bousculés, non pas par la droite, mais par une autre liste de gauche, en plein essor, « Grenoble pour tous », réunissant les écologistes, le Parti de Gauche et des associatifs. Si « Grenoble pour tous » devançait le PS, ce serait l’éclatant symbole du rejet à gauche de la politique économique conduite par François Hollande. De la France « réactionnaire » à l’aile progressiste du PS, Hollande réussit à faire l’union contre lui. Une union pour le moins hétéroclite…
L’UE sur les roses
La semaine dernière, un entretien téléphonique d’une secrétaire d’Etat adjointe américaine, Victoria Nuland, piraté et aussitôt posté sur YouTube, a provoqué quelques émois chez les diplomates et chefs d’Etats européens. Mme Nuland, à propos de l’Ukraine, invitait les représentants de l’UE à aller « se faire foutre ». Dimanche dernier, les Suisses ont, en quelque sorte, renouvelé à l’UE la même invitation. En attendant sans doute celle du 25 mai prochain, lors des élections européennes, où les électeurs français ne manqueront pas, à leur tour, d’inciter les eurocrates — autre variante mais même effet — à aller se faire voir chez les Grecs…

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