jeudi 7 novembre 2013
Hollande, général défait
Hollande, général défait
Recourir à la guerre pour avoir la paix, c’est, très pacifiquement, ce que va faire, aujourd’hui, le président de la République en lançant les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Enfin, François Hollande va trouver quelques heures de répit pour prendre de la hauteur. Il n’y a d’ailleurs pas mieux qu’un sujet aussi consensuel que le conflit de 14-18 pour un temps de réflexion, celui-là même qui implique un certain recul.
Comment reprendre l’offensive et retourner une situation qui, sur tous les fronts, paraît désespérée ? C’est le défi auquel est confronté le président de la République, à la tête d’un pays qui semble se préparer à une guerre de tranchées.
Au-delà du cri de colère des salariés bretons de l’agroalimentaire, fragile ciment d’une armée mexicaine de « bonnets rouges » promettant une révolution si l’État ne plie pas sous ses revendications, il est clair que les digues rompent de partout. En attendant les suivants, Fagor-Brandt, La Redoute, Alcatel-Lucent, Tilly-Sabco ou encore Alstom ne sont que les derniers cas d’une longue liste de plans de suppressions d’emplois. À ces cas médiatiques car massifs, s’ajoutent les artisans, professions libérales, petits commerces… Selon le cabinet d’études Altares cité par nos confrères du Monde , 12 790 entreprises ont déposé leur bilan au troisième trimestre, soit une hausse de 7,5 % en un an. Et près de 53 000 emplois se trouveraient menacés par des procédures collectives (+ 5 % en un an).
François Hollande est déjà le général défait de la bataille économique. La guerre, elle, n’est pas encore totalement perdue mais bien mal engagée, notamment parce que personne n’a jamais gagné de conflit sans un plan de bataille global, sachant s’adapter à la réalité du terrain. L’indécision est de ces stratégies qui, au mieux, figent les situations, mais ne les redresse pas.
Politiquement, François Hollande a aussi presque tout perdu. « Président de tous les Français » au soir du 6 mai 2012, il n’est plus que le chef d’un bataillon socialiste affaibli, divisé et sceptique sur sa capacité à mener la reconquête du pays.
Sa responsabilité n’en est aujourd’hui que plus grande : quelle initiative peut-il prendre pour éviter l’explosion d’une société française bouillonnante ? Parmi les options qui s’offrent à lui (remaniement, remise à plat de tout le système…), la pire serait de ne rien faire. Car à force d’attendre, il sera trop tard.
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