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jeudi 7 novembre 2013

"Hollande fait le jeu du Front national"

 "Hollande fait le jeu du Front national"


Après les "pauvres", les classes moyennes abandonnent aujourd'hui le président. "Le chef de l'État rendrait populiste un humaniste", assure Philippe Tesson.

Chaque jour s'allonge la liste impressionnante des plans sociaux, suppressions de poste, fermetures de petite ou moyenne entreprise, et autres faillites, qui assombrissent depuis plus d'un an le paysage économique et social de la France. En même temps, François Hollande continue imperturbablement de relever les signes d'une reprise et de promettre pour la fin de l'année l'inversion de la courbe du chômage. Jamais distorsion ne fut plus spectaculaire entre le vécu et le discours, entre la réalité telle que la subit le peuple et l'illusion telle que l'entretient le pouvoir. Comment s'étonner que la défiance ait grandi entre celui-ci et celui-là, au point que le pays se trouve aujourd'hui menacé d'une crise politique grave ?
On ne se réjouit pas d'avoir très tôt annoncé ce désastre et d'en avoir imputé la responsabilité au gouvernement socialiste et au chef de l'État. À leur façon, ils ont d'ailleurs reconnu leurs erreurs initiales, en infléchissant leur politique d'une manière plus conforme à la réalité et à l'évidence. Ce fut l'hiver dernier, lorsque furent prises des mesures en faveur de la compétitivité, de l'investissement et de l'emploi. Mais on dit bien : à leur façon, c'est-à-dire tardive et timide. À preuve, l'inefficacité des résultats obtenus, s'il est vrai que, depuis le début de cette année, 736 nouveaux plans de sauvegarde de l'emploi ont été notifiés, soit 16 % de plus que l'an dernier, selon les chiffres du ministère du Travail.
Pendant ce temps, l'Allemagne poursuit sa course en avant et l'économie britannique amorce son redressement. Dès l'instant où le gouvernement français acceptait de venir à résipiscence, il eût fallu qu'il allât jusqu'au bout de la logique de ce revirement avec l'énergie nécessaire, qu'il reconnût franchement s'être trompé et enfin qu'il cessât de rassurer le pays par des promesses inconsidérées. Ces méthodes d'action et de communication restent incompréhensibles. Au mécontentement qui gronde il oppose dans un premier temps une attitude de fermeté démentie le lendemain. À la colère populaire il apporte une réponse technocratique et désincarnée.
François Hollande se fait du peuple une image archaïque binaire et manichéenne. Ce n'est pas faute d'être diplômé. Entre le savoir et la culture, il y a décidément un fossé, entre l'Ena et la vie un gouffre. Aux yeux du président de la République, il y a les bons et les mauvais, les pauvres et les riches. Les riches votent à droite, les pauvres à gauche, tel est l'ordre des choses. Les riches sont haïssables, les pauvres leurs esclaves. Il est de la race des apparatchiks pétrifiés dans leur idéologie, incapables d'admettre et de comprendre qu'on peut sortir de sa condition, et que l'énergie crée la richesse, l'énergie des hommes comme celle de l'industrie, et que pénaliser l'énergie crée la pauvreté. Du moins donne-t-il de lui-même cette image, ou bien se la donne-t-il par opportunisme politique, ce qui serait pire encore. Il rendrait populiste un humaniste, par exaspération. C'est en ce sens qu'il fait le jeu du FN. Par haine de la droite ou par calcul ?
C'est ainsi que les classes moyennes, qui pour partie l'avaient soutenu, l'abandonnent aujourd'hui, après les "pauvres" qui s'estiment trahis. Que lui reste-t-il ? Des nantis que rien ne pourra jamais appauvrir et qui s'offrent le luxe cynique de considérer la politique comme une frivolité. Et puis des hommes et des femmes de bonne foi qui rêvent la politique comme une utopie juste et généreuse. Et enfin les Verts qui ont tout à gagner de tant d'incompétence, d'aveuglement et de faiblesse. Ainsi, en dix-huit mois une majorité, une confiance et une espérance se sont-elles épuisées.

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