TOUT EST DIT

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samedi 19 octobre 2013

Vers l’interdiction de toute pensée non conforme…


Un hémicycle du Sénat quasi vide, et pas plus de deux journalistes pour assister au vote des sénateurs et rendre compte de l’adoption – à l’unanimité de la petite trentaine de parlementaires présents (sur 348, rappelons-le) – d’un amendement visant à restreindre une nouvelle fois la liberté d’expression des Français ; l’histoire est devenue banale et on finit par se demander à quoi servent les parlementaires si faire acte de présence pour voter (ou s’opposer à) des lois est encore trop leur demander.
Si la haine a un visage, le voici.
L’amendement adopté ce mardi après-midi par le Sénat (ou plutôt par moins d’un dixième du Sénat) élargit la notion de « délit d’entrave à l’IVG », délit qu’une loi votée en 1993 définissait selon des critères assez précis visant, à l’époque, à sanctionner les actions parfois violentes des militants anti-avortement dans les centres où se pratique l’interruption de grossesse.
En introduisant le « délit d’entrave à l’information », la sénatrice socialiste Laurence Rossignol apporte de l’eau au moulin du ministre de la Propagande Najat Vallaud-Belkacem qui, faisant écho à un rapport qu’elle venait de recevoir, déplorait, ces derniers jours, que des sites non homologués eussent meilleure visibilité sur Internet que les sites d’information officiels, propageant ainsi une contre-propagande sur l’avortement parfaitement inacceptable. Le rapport rendu au ministre préconisait la création d’un site dédié plus visible, visibilité rendue possible par quelques tours de passe-passe opérés avec la complicité du très obéissant moteur de recherche Google.
Mais les guéguerres virtuelles ne suffisant pas à éradiquer toute pensée non conforme, et bien que la sénatrice Rossignol se défende de viser, pour l’heure, les sites Internet à combattre – reconnaissant avec dégoût le droit aux anti-avortement de ne pas penser comme elle –, son amendement tout à fait imprécis ressemble, si ce n’est à une mesure de coercition totale et immédiate, à un nouveau pas vers l’interdiction de défendre une opinion non conforme aux idées du moment.
On comprend donc que l’adoption d’un amendement si dérisoire n’ait su retenir l’attention de la profession journalistique, tellement occupée à nous informer minute par minute du relevage d’un paquebot échoué en Italie, ou à nous montrer d’heureux titulaires du nouveau permis de conduire« infalsifiable ».
Le traitement de l’information, comme la politique, est affaire de priorités, et à la différence des opinions, chacun est bien libre d’avoir les siennes.

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