TOUT EST DIT

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mercredi 30 octobre 2013

Fiscalité : le grand malaise des artisans et commerçants


S'estimant «asphyxiés» par les taxes, ces petits entrepreneurs menacent de lancer une opération de protestation «d'envergure». Un cri d'alarme adressé au gouvernement.
Les artisans sont en colère et bien décidés à le faire ­savoir. Aprèsla manifestation organisée le 13 septembre dernier par les artisans du bâtiment, c'est l'ensemble des entreprises de proximité (artisans de tous métiers, commerce d'alimentation et hôtellerie-restauration), sous l'égide de leur syndicat l'UPA, qui se prépare à une «opération d'envergure» d'ici à la fin de l'année. «Ce ne sera pas une manifestation dans les rues, mais une action qui se verra, et vise à montrer au gouvernement qu'il asphyxie les entreprises artisanales», confie l'un d'eux.
Pourquoi ce coup d'éclat? «Nous ne pouvons plus accepter aujourd'hui que l'on pénalise ceux qui produisent de la richesse et de l'emploi», explique Jean-Pierre Crouzet, artisan-boulanger et président de l'UPA, soulignant que le secteur a créé 100.000 nouvelles entreprises et 650.000 nouveaux emplois en dix ans. «Nous ne pouvons plus souffrir sans réagir», ajoute-t-il. «On est en train de disparaître les uns après les autres. Le silence serait la pire des agonies», renchérit Patrick Liebus, artisan-couvreur, président de la Capeb, le syndicat des artisans du bâtiment.
Le gouvernement est donc ­prévenu. «Ça n'est facile pour personne», leur a répondu Michel Sapin, jeudi dernier lors du colloque de l'UPA. Cherchant à calmer le jeu, le ministre du Travail a mis en garde les artisans contre «des visions trop simplistes où il y aurait, d'un côté, ceux qui ne font rien, de l'autre ceux qui travaillent dur et ne seraient pas payés en retour».
Mais sur le terrain le malaise des artisans, qui se présentent collectivement comme la première entreprise de France, est palpable. S'estimant «sacrifiés pour contribuer au redressement des comptes publics», ils énumèrent, comme dans un inventaire à la Prévert, l'alourdissement de la fiscalité, un coût du travail excessif, les hausses de la TVA au 1er janvier 2014, la concurrence jugée «déloyale» des autoentrepreneurs, la difficulté à former des apprentis, la réforme des retraites qui va se traduire par une hausse des cotisations vieillesse et la création d'un compte «péni­bilité» qui pourrait se révéler ingérable pour les entreprises.

«Coup de massue»

«Nous estimons à 1,1 milliard d'euros les prélèvements supplémentaires sur les entreprises d'ar­tisanat au titre de l'année 2013, ­affirme Jean-Pierre Crouzet. Il est malheureusement évident que certaines entreprises ne vont pas se remettre de ce coup de massue». Et de plaider, pour sortir de l'impasse, en faveur d'une réduction des dépenses publiques.
Au-delà de ce qu'elle qualifie de «harcèlement fiscal», l'UPA ­dénonce aussi le manque de visibilité: «les charges fiscales, parafiscales et sociales changent en permanence, affaiblissant encore les trésoreries des entreprises déjà ­mises à mal par la crise, affirme Jean-Pierre Crouzet. Cette incertitude empêche les chefs d'entreprise d'anticiper et les incite à l'immobilisme quand il faudrait au contraire encourager le développement, l'investissement et l'embauche.»
Enfin, s'agissant de la formation des jeunes, où les artisans se retrouvent en première ligne, l'UPA préconise que la taxe d'apprentissage soit «davantage fléchée vers les structures qui forment réellement et massivement des apprentis». Surtout, «nous souhaitons revaloriser le travail manuel dont on dit souvent qu'il est vil comparé au travail intellectuel qui, lui, serait noble», conclut Patrick Liebus. De fait, l'artisanat offre chaque année des milliers de postes non pourvus, dans un pays qui compte plus de 3 millions de chômeurs…

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