Dix mois après la victoire de la gauche plane une ambiance de fin de règne. L'affaire Cahuzac, parce qu'elle prend le Président à contre-pied et parce qu'elle renforce les soupçons d'amateurisme, enfonce un exécutif déjà affaibli par sa politique économique et fiscale.
jeudi 4 avril 2013
Sauver le régime
Le premier Ministre applaudi par la majorité après avoir été interpellé sur l'affaire Cahuzac lors des questions au gouvernement à l'Assemblée le 3 avril 2013. Photo Philippe Wojazer Reuters
Pour la majorité, presque touchante dans sa franchise à admettre l'évidence et à dire son désarroi, la question est toute simple : comment reconquiert-on la confiance ?
Faire le gros dos ? François Hollande connaît. Mais au niveau de discrédit où se trouve le gouvernement, la non-décision serait le meilleur moyen de perdre le peu d'autorité qu'il lui reste. Un gouvernement faible en période de crise gèlerait toute réforme de structure pendant quatre ans. On le mesure déjà avec l'embrouillamini de la décentralisation ou avec les revirements fiscaux.
Durcir la loi ? Dans sa courte allocution télévisée, le président de la République n'a assuré qu'un service minimum. Ses promesses risquent vite de devenir inaudibles. Il existe suffisamment de dispositions pour poursuivre un élu coupable de mélange des genres entre ressources privées et intérêt public. La peine d'inéligibilité qu'il veut renforcer s'applique déjà, parfois même pour des entorses mineures aux lois sur le financement des campagnes.
Et l'affaire Cahuzac n'a rien à voir avec l'indépendance de la justice, que François Hollande prétend renforcer. S'il est un seul point à mettre au crédit de la gauche dans cette affaire, c'est d'ailleurs celui-là : aucune pression n'a été exercée sur les juges ni sur les journalistes.
À son retour du Maroc, François Hollande devra prendre des mesures fortes pour sauver un régime menacé. initiatives. Photo Youssef Boudlal Reuters
Réduire le scandale à une affaire personnelle ? C'est toute la stratégie du gouvernement. Seulement, si la culpabilité est sans doute personnelle, la responsabilité peut être collective. Jérôme Cahuzac n'est pas né de la dernière pluie. On connaissait en particulier ses liens avec le monde pharmaceutique.
La présomption d'innocence n'interdisait pas quelques précautions. De deux choses l'une : ou bien le Président et le Premier ministre savaient, et c'est gravissime.
Mais on imagine mal François Hollande et Jean-Marc Ayrault nommer un fraudeur fiscal comme chef de la lutte contre l'évasion. Autant recruter un pompier pyromane comme patron de caserne ! Si c'était le cas, on serait en face d'un scandale d'État.
Ou bien ils étaient mal informés, après tant de révélations dans la presse, dans ce cas ils ont pour le moins manqué de vigilance.
Frapper un grand coup ? Démettre un ministre, en l'occurrence le supérieur hiérarchique de Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici, serait d'un effet très limité. Changer de Premier ministre reviendrait à trouver - pas si facile d'ailleurs ! - un successeur à Jean-Marc Ayrault, qui deviendrait vite aussi impopulaire. L'impasse dans laquelle se trouve le pouvoir nourrit alors toutes les rumeurs.
À son retour du Maroc, François Hollande devra prendre d'autres initiatives. Car on ne pourra pas se contenter de pleurer ou de savourer l'enlisement de la gauche. Le problème n'est même plus, sauf évidemment pour la justice, de savoir dans le détail ce qu'a commis Jérôme Cahuzac. Il est de sauver un régime menacé, en perte de confiance à l'intérieur et, tout aussi grave, à l'étranger.
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