jeudi 4 avril 2013
Affaire Cahuzac - Tesson : Où est passé Hollande, le président irréprochable ?
Si les aveux de Jérôme Cahuzac ne nous ont pas surpris, nous continuerons en revanche à nous étonner de l'étrange naïveté de ces hommes publics qui persistent à protester, et avec quel aplomb, de leur innocence quand ils sont coupables de graves délits, notamment en matière financière. À défaut que leur conscience ne leur impose le devoir de vérité, au moins leur intelligence devrait-elle le leur dicter.
Comment l'ancien ministre délégué au Budget, mieux averti que quiconque des mécanismes de la justice, pouvait-il espérer longtemps échapper à celle-ci ? Faut-il que les serviteurs de l'État eux-mêmes, non contents de bafouer la morale, en viennent à mépriser jusqu'à ce point les institutions et leurs propres fonctions ! Le comble de l'inconscience a été en l'occurrence atteint par un parjure commis devant la Nation et devant le président de la République.
Comment réagit-il, celui-ci, notre Hercule national qui fut élu sur la promesse de nettoyer les écuries d'Augias ? Croyez-vous qu'il prenne la moindre part de responsabilité dans cette affaire, au moins sous la forme d'un regret, celui d'un mauvais choix, celui d'une confiance trop vite et trop longtemps accordée au mouton noir du troupeau familial, croyez-vous qu'il s'indigne avec les mêmes accents de dégoût qu'il utilisait pour condamner les stupres de la droite ? Vous rêvez, il se contente de "prendre acte avec grande sévérité" des aveux de son ancien ministre. "Prendre acte", c'est un langage de greffier, "sévérité", un langage de pion. Où est-il passé, le grandiloquent procureur des jours anciens, "moi, président de la République irréprochable" ?
Que cette épreuve lui apprenne la modestie, vertu qui amène ceux qui la pratiquent à s'abaisser au niveau de ce qu'ils sont, cela serait déjà une bonne chose. Gouverner aujourd'hui n'est pas facile, soit. Qu'au moins le président de la République cesse d'y mettre cette arrogance dissimulée sous la manière pateline qui lui tient lieu d'autorité. Ses convictions socialistes ne confèrent à ses actes aucun brevet de supériorité et d'immunité. Quant à ses certitudes et ses bonnes intentions, elles ne pourront rien contre l'évidence des réalités. Il n'inversera pas avant longtemps la courbe du chômage, il ne créera pas avant longtemps la croissance, il ne diminuera pas avant longtemps la pression fiscale...
Le peuple pressent cela, il le sait, et ce qu'il pardonne mal au pouvoir en place, c'est de le bercer d'illusions. Hollande doit son discrédit au moins autant à sa présomption qu'à son incapacité. Être modeste, c'est aussi dire la vérité. De même que les promesses telles que celles qu'on a entendues jeudi dernier de la bouche du chef de l'État participent d'une duperie politique, de même l'affaire Cahuzac vient ajouter sa honte aux duperies morales dont est familière la gauche sous son masque dévot.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire