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jeudi 4 avril 2013

La bombe Cahuzac

La bombe Cahuzac


L’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a reconnu mardi détenir un compte à l’étranger depuis une vingtaine d’années, revenant sur des semaines de dénégations médiatiques et solennelles, jusque devant l’Assemblée nationale. Il a été mis en examen pour blanchiment provoquant une véritable « affaire d’Etat ».
« A Monsieur le président de la République, au Premier ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé », a déclaré le parjure… sur son blog. « A mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français, j’exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille que j’ai tant déçus… Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence », a-t-il ajouté, se disant « dévasté par le remord » de s’être ainsi laissé happé dans cette « spirale du mensonge »…
Entendu à sa demande par les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, l’ancien chirurgien qui tenait le budget de l’Etat entre ses mains a donc avoué détenir un compte bancaire à l’étranger depuis une vingtaine d’années. Il a ordonné que les 600 000 euros actuellement sur ce compte soient rapatriés sur son compte à Paris. Ayant démissionné du gouvernement le 19 mars, il a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale et blanchiment de fonds provenant d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou produits sont pris en charge par la Sécurité sociale.
« Nous avons fait observer que les faits se rapportant à l’ensemble des recettes sont aujourd’hui largement prescrits », a commenté l’un de ses avocats, Me Jean Veil. « Ce compte n’a pas été abondé depuis 2001 et l’essentiel de ses revenus provenait de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant », a déclaré l’avocat. Cahuzac a en effet été consultant pour l’industrie pharmaceutique après son passage comme conseiller technique au sein du cabinet du ministre de la Santé PS, Claude Evin (1988-1991). Le compte ouvert en Suisse « a été transféré à Singapour en 2009 ». Ouvert dans un premier temps chez UBS en Suisse, il a été transféré au sein d’un autre établissement suisse, Reyl et Cie, avant d’être déplacé dans une succursale de Singapour de cet établissement, comme l’a révélé le Canard Enchaîné… Les avocats de l’ancien ministre, Maîtres Veil et Jean-Alain Michel, évaluent le montant du blanchiment à environ 30 000 euros. Le blanchiment de fraude fiscale est puni de 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende.
Le président de la République, François Hollande, a pris « acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac », qui « a commis une impardonnable faute morale » en « niant les faits », a communiqué l’Elysée. Le Premier ministre a affirmé sur France 2 qu’il « n’avait aucune raison de ne pas croire » Jérôme Cahuzac. « Je ne savais rien » a assuré Jean-Marc Ayrault qui a affirmé que l’ancien ministre « avait trahi ». Il lui a demandé de « ne plus exercer de responsabilité politique ».
Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a déclaré avoir « du mal à imaginer que Hollande et Ayrault n’aient pas été au courant de la situation ». Jean-François Copé, président de l’UMP, a estimé que le mensonge de Jérôme Cahuzac « signait définitivement la fin de la gauche morale » et que le président Hollande devait « s’en expliquer devant les Français ». Même tonalité au Front national, qui a parlé d’une « affaire d’Etat » : « Le président de la République et le gouvernement ne pouvaient ignorer le fond de cette affaire et ses conséquences prévisibles », a réagi le mouvement de Marine Le Pen. Puisque Mediapart savait, pourquoi pas Hollande et Ayrault ? Les aveux de Jérôme Cahuzac sont la démonstration de « la complicité du monde politique et médiatique », estime lui-même l’ancien trotskyste Edwy Plenel, bien placé pour le savoir. Le président du MoDem, François Bayrou, a jugé que les dégâts provoqués par cette affaire étaient « considérables et dévastateurs pour le monde politique français ».
Après le scandale Strauss-Khan, voilà le Parti socialiste éclaboussé par la bombe Cahuzac, commente le Midi libre : « Un destin détruit par le fric, après un autre pourri par le sexe. Deux histoires dramatiques avec des hommes de pouvoir coupés de la réalité, animés par le même sentiment d’impunité, de mépris des juges et des médias… » « Indigne », clame aujourd’hui en Tartuffe la classe médiatico-politique derrière Libération, redoutant que cette nouvelle affaire profite au « populisme » ! Cahuzac était pourtant fait du bois pourri que chérit tant cette gauche caviarde, selon laquelle la fin justifie les moyens : « brillant, intelligent, compétent, riche, strauss-kahnien »… Alors que Sarkozy est lui-même mis en examen dans l’affaire Bettencourt, la droite courbe ferait mieux de balayer devant sa porte, quand on se rappelle les paroles du ministre Frédéric Mitterrand (si représentatif de cette connivence médiatico-politique) qui, lui, n’avait même pas eu besoin de démissionner sous le mandat précédent : « L’argent et le sexeje suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas. »
Enfin, si on feint encore de s’indigner de ce flagrant délit de mensonge par volonté de puissance personnelle, la spirale du mensonge idéologique n’inquiète nullement cette classe médiatico-politique coupée de la réalité, qui a chassé de son univers mental la loi (morale) naturelle. Puisque nous sommes en pleine guerre du mariage, rappelons au passage cet autre flagrant délit (sans doute beaucoup plus grave) d’Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, le 9 octobre 1998 : « Le pacs est radicalement différent du mariage parce qu’il n’est pas question, ni aujourd’hui ni demain, que deux personnes physiques du même sexe, quel que soit leur sexe puisse se marier… »
Ce n’est pas seulement un mensonge personnel qui est aujourd’hui en cause avec l’affaire Cahuzac mais tout un système médiatico-politique, un monde clos du mensonge, ce que Jean-Paul II appelait une structure de péché…

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