TOUT EST DIT

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vendredi 5 avril 2013

Projet de discours pour M. Hollande à prononcer d'urgence


Françaises, Français, je me suis trompé. Je ne suis certes pas le seul dans la classe politique, mais je me suis trompé. Sans doute étais-je l'un des plus lucides à gauche, ce qui n'est franchement pas difficile. J'avais néanmoins sous-estimé l'état de dégradation du pays et comptais passer à travers les gouttes en refilant, comme mes prédécesseurs, le mistigri de la dette à mon successeur.
C'est ce qu'on appelle la politique du chien crevé au fil de l'eau. Depuis une trentaine d'années, elle a été menée avec autant de constance que d'inconséquence par tous ceux qui se sont succédé à la tête de notre cher et vieux pays. Certains ont joué les Superman, d'autres les rois fainéants, mais tous ont laissé grossir la dette, qui dépassera bientôt la barre fatidique de 100 % du PIB.
La France a inventé le modèle social à crédit. Nous empruntons pour tout : nos stupides 35 heures ; nos allocations en tout genre ; nos dépenses de fonctionnement pour une administration qui compte deux fois plus de fonctionnaires pour 1 000 habitants que celle de nos voisins allemands. Sans parler de nos innombrables et ridicules ronds-points, preuves physiques d'une corruption endémique.
Dans ces conditions, comment espérer un retour de la croissance ? Elle ne se déploie que sur des fondations saines, quand les équilibres financiers sont respectés. J'ai donc décidé de faire mentir Winston Churchill, qui disait : "Les socialistes sont comme Christophe Colomb. Ils partent sans savoir où ils vont. Quand ils arrivent, ils ne savent pas où ils sont. Tout ça avec l'argent des autres." Une formule qui, soit dit en passant, est aussi valable pour la droite, du moins chez nous, où elle tombe dans les panneaux de l'ultrakeynésianisme, au nom duquel on dépense plus pour relancer l'économie, avec les résultats que l'on sait.
Nous avons trop longtemps vécu dans un monde virtuel, comme Alice au pays des merveilles, j'allais dire des chimères. Pensez ! Pendant la campagne, j'ai retiré de mon programme ce projet effarant d'allocation que l'Etat devait verser aux jeunes - une vieille marotte de Martine Aubry inscrite dans le projet socialiste - que la gauche du parti finira sans doute par remettre au goût du jour pour transformer tous nos concitoyens, à peine sortis du berceau, en assistés professionnels, payés par les emprunts d'État.
Un an avant mon élection, toujours fidèle à ma réputation, je m'étais permis une petite blague à propos de Jean-Luc Mélenchon : "Ce qui est terrible, c'est que toute sa vie il a été socialiste et que, toute sa vie, ça va le suivre." Vous avez compris que ce ne sera pas mon cas. Même si je répugne à ôter l'habit, j'ai fini par me résoudre à me défroquer pour dire enfin la vérité.
Si la France est tombée si bas, ce n'est pas la faute de l'Allemagne, qui, il y a dix ans, en était où nous en sommes et qui, grâce au chancelier Schröder, social-démocrate comme moi, a pris les mesures qui s'imposaient : en réduisant drastiquement les dépenses et en baissant les impôts sur le revenu. Le contraire de ce que j'ai fait depuis mon élection. Je n'imputerai pas à nos amis d'outre-Rhin la responsabilité de décisions que nous n'avons pas osé prendre. Je cesserai donc de leur demander de mutualiser notre dette sans contrepartie, juste pour notre bon plaisir, comme si l'Histoire leur commandait de payer pour nos bêtises et notre laisser-aller.
Alors qu'une haine sociale commence à monter dans notre pays, où les index sont pointés sur des boucs émissaires de fortune, je me refuserai mêmement à mettre en accusation l'euro fort, qui réussit à l'Allemagne. Contrairement à tous les démagogues, qui pullulent, ces temps-ci, à gauche comme à droite, je ne me retournerai pas non plus contre l'Europe, qui, en vérité, nous protège contre les vents cinglants de la mondialisation.
Je ne chercherai pas de coupables parce que les coupables, ce sont nous tous : notre fatigue générale, la CGT, le pessimisme national, les 35 heures, l'essoufflement patriotique, l'inculture économique et la pleutrerie d'une classe politique qui, au lieu de montrer le chemin, s'est contentée, la plupart du temps, de suivre le mouvement. Nous n'avons pas été à la hauteur. C'est pourquoi je vous propose un électrochoc.
Il n'y a pas de croissance sans effort ni courage. Moi président, j'ai décidé, pour mettre en oeuvre notre renaissance économique, de faire ce qui a si bien réussi à l'Allemagne, à la Suède ou au Canada. Moi président, je vais réduire les dépenses publiques, mettre un terme aux gabegies, rénover les services publics, faire baisser les impôts, flexibiliser davantage le marché du travail et repousser l'âge légal de départ à la retraite. Même si les sociaux-démocrates s'y sont pliés, ce n'est certes pas une politique de gauche, mais c'est la seule qui peut redresser notre pays qui tombe.
Vive la France, qui, de la sorte, remontera la pente !

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