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vendredi 5 avril 2013

Hollande au Maroc en pleine affaire Cahuzac : "Gouverner c'est pleuvoir"

Mauvais hasard du calendrier, sitôt après sa déclaration retransmise à la télévision dans laquelle il assurait que Jérôme Cahuzac n'avait bénéficié d'aucune protection, François Hollande a dû s'envoler pour le Maroc. Là, aucun mot sur l'affaire qui ébranle le gouvernement. Il s'est même permis un brin d'humour.

Une malédiction chasse l'autre. Surnommé, dès les premières semaines de son mandat, "Rain Man" Hollandepar la presse anglaise pour son aptitude à susciter la pluie à chacun de ses déplacements, François Hollande a une nouvelle fois été accueilli mercredi au Maroc... sous la pluie. En pleine affaire Cahuzac, l'ondée était plutôt bienvenue pour faire oublier un peu le tsunami politique. Quelques heures plus tôt, c'est un François Hollande tendu, rigide, à la bouche amère, qui s'était livré à l'exercice de la déclaration télévisée pour tenter d'ériger des digues et d'empiler des sacs de sable afin de protéger l'exécutif du scandale qui menace d'éclabousser tout le gouvernement. François Hollande a assuré que Jérôme Cahuzac, qui a reconnu mardi détenir depuis une vingtaine d'années un compte à l'étranger, avait "trompé les plus hautes autorités du pays". Qu'il n'avait bénéficié d'aucune protection. Que "toute la lumière sera faite". Et que "la justice poursuivra son travail jusqu'au bout". Parti au Maroc dans la foulée de cette déclaration, en laissant à Jean-Marc Ayrault le rôle de sapeur-pompier face aux lourds nuages d'orage qui s'amoncelaient déjà à l'Assemblée, François Hollande a enfin pu souffler un peu.
Il s'est même risqué à faire un peu d'humour. Comme lors de cette halte au lycée Lyautey de Casablanca, au bout d'une après-midi menée tambour battant à travers la ville, entre visite d'une station d'épuration et rencontre (accompagnée de quelques roulements de tonnerre) avec Mohammed VI pour signer une série d'accords commerciaux. "Je viens, il pleut : je perpétue là aussi une tradition", s'amuse "Rain man Hollande", renouant avec la série des bons mots météorologiques dont il a déjà parsemé ses déplacements sous la pluie. "Gouverner c'est pleuvoir. Et de ce point de vue-là, nous réussissons au-delà de toute espérance", glisse encore le chef de l'Etat à la communauté française réunie devant son estrade, paraphrasant le maréchal Hubert Lyautey. Lequel savait de quoi il parlait, pour avoir personnifié plus d'une décennie durant la présence française au Maroc, pays où les trop longues sécheresses peuvent dégénérer en problème social et politique majeur.
"A croire que pour rire en France, il faudrait aller chercher au Maroc"
Au sujet de l'affaire Cahuzac, pas un mot. Pas même une allusion. Ou alors seulement sur le mode subliminal. "Nous avons nos problèmes, nos séparations, parfois nos oppositions, nos difficultés. Nous les connaissons et nous faisons en sorte de réduire les clivages inutiles. Les difficultés ne sont jamais insurmontables". Les auditeurs sont libres d'y voir une référence à l'affaire qui fait frémir l'exécutif... ou pas. Même ambiguïté avec ce compliment à Djamel Debbouze, d'origine marocaine et parmi les humoristes les plus populaires aujourd'hui en France : "A croire que pour rire en France, il faudrait aller chercher au Maroc", commente le chef de l'Etat. Il est vrai que l'actualité politique strictement hexagonale n'incite guère, pour l'heure, à la plaisanterie.
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Ce jeudi, le répit se poursuit pour François Hollande, qui après une visite de la grande mosquée Hassan II, est attendu à Rabat. Devant un parterre  de chefs d'entreprises français et  marocains, il devrait plaider pour l'idée de "co-localisation" (la formule étant de Nicole Bricq), ou partenariat gagnant-gagnant censé générer des  emplois dans les deux pays.  Un glissement sémantique dont le gouvernement espère qu'il effacera la mauvaise image des délocalisations, comme celle incarnée par  l'usine Renault de Melloussa, à 30 kilomètres de Tanger, inaugurée début février 2012. "Nos relations doivent produire des dividendes partagées", a déjà glissé mercredi le chef de l'Etat. Après des entretiens avec le chef du gouvernement islamiste Abdelilah  Benkirane, François Hollande devrait aussi prononcer un discours devant le Parlement. L'occasion  selon son entourage de "s'exprimer sur les grands sujets de l'heure". A savoir l'affaire Cahuzac ? Non point : seuls les grands sujets internationaux sont prévus. Au menu : Syrie,  Mali, Printemps arabes, processus de paix au Proche-Orient. 
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