TOUT EST DIT

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jeudi 11 avril 2013

Bruxelles presse la France de se réformer au plus vite

Les réformes engagées par le gouvernement Ayrault «ne seront pas suffisantes pour résoudre le problème de compétitivité» de la France, selon Bruxelles.


Pas de répit pour la France. Si Bercy considère comme acquis le report à 2014 d'une baisse du déficit budgétaire sous les 3%, Bruxelles fait clairement savoir que ce sursis d'un an aura un prix: l'accélération des réformes économiques et sociales, bien au-delà de ce que le gouvernement a engagé jusqu'ici. Olli Rehn, commissaire auquel reviendra fin mai l'initiative d'accorder un délai de grâce, a mis mercredi François Hollande et Pierre Moscovici devant leur responsabilité européenne: «L'endettement du secteur public français est un facteur de vulnérabilité non seulement pour le pays lui-même, mais pour la zone euro tout entière.» C'est aussi ce qu'auront en tête les autres capitales de la monnaie commune - à commencer par Berlin - lorsqu'elles devront valider cet été l'échéancier de redressement.

Charges croissantes

La mise en garde du commissaire vient ponctuer le bilan inquiétant que les experts européens ont dressé mercredi des «déséquilibres macroéconomiques» francais. Ils décrivent une économie qui a perdu 11,2% de ses parts de marché à l'exportation de 2006 à 2011. Et qui s'enfonce dans un cercle vicieux où des charges croissantes laminent la capacité des entreprises à investir et à innover. La tendance remonte à la seconde présidence Chirac, elle s'est alourdie avec Nicolas Sarkozy. Mais c'est bien sous l'ère Hollande qu'elle s'accélère et que la France risque de devenir l'«homme malade» de l'Europe.
«La résistance du pays aux chocs extérieurs diminue et ses perspectives de croissance à moyen terme sont de plus en plus entravées.» Coût du travail, poids de l'impôt et résistance aux réformes ont fait de l'Hexagone le pays «où les marges bénéficiaires des entreprises sont les plus faibles de la zone euro, relève la Commission. La faible profitabilité des entreprises, en particulier industrielles, couplée à leur endettement, est une menace pour la compétitivité de l'économie française tout entière.»

La France doit assumer sa part du contrat européen

L'autre boulet est le poids de la dette publique. Il pèse directement sur l'aptitude du pays, de ses investisseurs, de ses épargnants et de ses entreprises à mobiliser les ressources d'un renouveau. L'endettement «implique inévitablement le paiement d'intérêts élevés. Soit au détriment de dépenses plus utiles pour améliorer la croissance. Soit au prix de rentrées fiscales supplémentaires, dans un pays où le poids de l'impôt est déjà important.» Là encore, insiste la Commission, la France doit assumer sa part du contrat européen, parce que «sa santé a un impact très direct sur celle de l'euro».
Au détour, l'exécutif européen salue les réformes engagées par le gouvernement Ayrault, en particulier le pacte pour la compétitivité des entreprises et l'accord patronat-syndicats sur la «flexisécurité» du travail. Mais il s'empresse d'ajouter qu'elles «ne seront pas suffisantes pour résoudre le problème de compétitivité» de l'économie et que «d'autres réponses seront nécessaires».
Interrogé, Olli Rehn n'a pas voulu se prononcer sur la question de savoir si oui ou non la France obtiendra son répit budgétaire à la date fatidique du 29 mai: tout dépendra, dit-il, de la trajectoire budgétaire définie à Paris pour 2013-2014 et aussi de la vigueur des réformes à venir.

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