Les réformes engagées par le gouvernement Ayrault «ne seront pas suffisantes pour résoudre le problème de compétitivité» de la France, selon Bruxelles.
Charges croissantes
La mise en garde du commissaire vient ponctuer le bilan inquiétant que les experts européens ont dressé mercredi
des «déséquilibres macroéconomiques» francais. Ils décrivent une
économie qui a perdu 11,2% de ses parts de marché à l'exportation de
2006 à 2011. Et qui s'enfonce dans un cercle vicieux où des charges
croissantes laminent la capacité des entreprises à investir et à
innover. La tendance remonte à la seconde présidence Chirac, elle s'est
alourdie avec Nicolas Sarkozy. Mais c'est bien sous l'ère Hollande
qu'elle s'accélère et que la France risque de devenir l'«homme malade»
de l'Europe.
«La résistance du pays aux chocs extérieurs diminue
et ses perspectives de croissance à moyen terme sont de plus en plus
entravées.» Coût du travail, poids de l'impôt et résistance aux réformes
ont fait de l'Hexagone le pays «où les marges bénéficiaires des
entreprises sont les plus faibles de la zone euro, relève la Commission.
La faible profitabilité des entreprises, en particulier industrielles,
couplée à leur endettement, est une menace pour la compétitivité de
l'économie française tout entière.»
La France doit assumer sa part du contrat européen
L'autre
boulet est le poids de la dette publique. Il pèse directement sur
l'aptitude du pays, de ses investisseurs, de ses épargnants et de ses
entreprises à mobiliser les ressources d'un renouveau. L'endettement
«implique inévitablement le paiement d'intérêts élevés. Soit au
détriment de dépenses plus utiles pour améliorer la croissance. Soit au
prix de rentrées fiscales supplémentaires, dans un pays où le poids de
l'impôt est déjà important.» Là encore, insiste la Commission, la France
doit assumer sa part du contrat européen, parce que «sa santé a un
impact très direct sur celle de l'euro».
Au détour, l'exécutif
européen salue les réformes engagées par le gouvernement Ayrault, en
particulier le pacte pour la compétitivité des entreprises et l'accord
patronat-syndicats sur la «flexisécurité» du travail. Mais il s'empresse
d'ajouter qu'elles «ne seront pas suffisantes pour résoudre le problème
de compétitivité» de l'économie et que «d'autres réponses seront
nécessaires».
Interrogé, Olli Rehn n'a pas voulu se prononcer sur
la question de savoir si oui ou non la France obtiendra son répit
budgétaire à la date fatidique du 29 mai: tout dépendra, dit-il, de la
trajectoire budgétaire définie à Paris pour 2013-2014 et aussi de la
vigueur des réformes à venir.
jeudi 11 avril 2013
Bruxelles presse la France de se réformer au plus vite
Pas
de répit pour la France. Si Bercy considère comme acquis le report à
2014 d'une baisse du déficit budgétaire sous les 3%, Bruxelles fait
clairement savoir que ce sursis d'un an aura un prix: l'accélération des
réformes économiques et sociales, bien au-delà de ce que le
gouvernement a engagé jusqu'ici. Olli Rehn, commissaire auquel reviendra fin mai l'initiative d'accorder un délai de grâce, a mis mercredi François Hollande et Pierre Moscovici
devant leur responsabilité européenne: «L'endettement du secteur public
français est un facteur de vulnérabilité non seulement pour le pays
lui-même, mais pour la zone euro tout entière.» C'est aussi ce qu'auront
en tête les autres capitales de la monnaie commune - à commencer par
Berlin - lorsqu'elles devront valider cet été l'échéancier de
redressement.
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