Affaire Cahuzac oblige, un projet de loi visant à moraliser la vie politique sera sur la table du Conseil des ministres dans 15 jours. Est-ce parce qu'il s'agit de leur réputation que les responsables politiques se montrent soudainement capables de réagir aussi promptement ?
jeudi 11 avril 2013
Vite ! Un autre scandale s'il vous plaît !
Même soutenu, le rythme des réformes politiques
a toujours été plus proche de celui d’une enquête de l’inspecteur
Derrick que du tempo des exploits de Jack Bauer, héros survitaminé de la
série télé "24 heures chrono" capable en un seul épisode de 45 minutes
de faire avouer des banquiers pourris, de fermer à distance quelques
comptes bancaires de terroristes et, au passage, de désamorcer une ou
deux bombes atomiques.
Pourtant, en à peine une
semaine, tout s’est accéléré. Mardi dernier, les Français médusés
découvrent que Jérôme Cahuzac leur a menti. Le soir même, le Premier
ministre Jean-Marc Ayrault vient s’expliquer devant les Français au JT de France 2. Le lendemain, François Hollande,
formé en urgence à une "gestuelle de conviction" qui consiste à ne plus
s’exprimer qu’avec les deux mains en avant du corps, les deux paumes
face à face comme pour décrire la taille inespérée d’un poisson pêché le
matin même, s’engage à renforcer l'indépendance de la justice, à lutter
contre les conflits d’intérêts et à interdire de mandat les élus
condamnés pour fraude fiscale ou pour corruption.
Le
week-end arrive et le rythme ne faiblit pas. A l’Elysée, les réunions
de travail tournent à la cellule de crise. Il s’agit de rédiger dans les
plus brefs délais un projet de loi qui reprend les annonces du chef de
l’Etat. L’exécutif annonce que Jean-Marc Ayrault recevra cette semaine
les propositions des principaux responsables du Parlement pour moraliser la vie politique.
Dès lundi prochain tous les membres du gouvernement rendront public
leur patrimoine. Dans quinze jours, un projet de loi sera sur la table
du conseil des ministres.
Waouh ! Que se
passe-t-il donc d’un seul coup ? Pourquoi les autres dossiers que sont
la lutte contre le chômage, la recherche contre le cancer ou la
promotion d’une école réellement égalitaire ne bénéficient-ils pas du
même dynamisme ? Serait-ce parce que ce sont leur image, leur réputation
et in fine leurs postes et leurs prérogatives qui sont mis en danger
que les responsables politiques se montrent soudainement capables de
réagir aussi promptement et de prendre les choses à bras le corps ?
Si
tel était le cas, ce que je n’ose imaginer, ce serait bien sûr
choquant. Mais ce serait aussi une lueur d’espoir. Celle de voir ceux
qui nous gouvernent se retrousser les manches avec enthousiasme dès lors
qu’ils seraient, eux ou leurs proches, directement concernés par les
difficultés auxquelles se heurtent les Français.
Cesser
de nommer ceux dont les électeurs n’ont plus voulu - mais qui ont
besoin de continuer à percevoir leurs émoluments - à la présidence de
l’Institut du monde arabe, au Conseil économique et social ou à
l’Inspection générale des affaires sociales (pour ne citer que quelques
une des "résidences les Hespérides" les plus cotées de France)
permettrait peut-être de sensibiliser davantage nos gouvernants au
problème des retraites.
Leur faire comprendre
qu’il n’est pas décent de caser d’office leur progéniture à peine sortie
de l’adolescence à la tête d’établissements publics les obligerait à
penser autrement le rôle des études et du premier emploi. Réglementer
davantage l’embauche de sa femme ou de son mari comme assistant
parlementaire ferait peut-être réfléchir à la politique familiale…
Vite ! Un autre scandale s'il vous plaît !
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