Selon Claire Gallois, le système judiciaire est en faillite. Faute de moyens, mais aussi en raison de l'impunité dont bénéficient les magistrats.
samedi 30 mars 2013
Le juge, le seul professionnel totalement irresponsable
Notre système judiciaire est en faillite, il est à deux vitesses, trois vitesses selon votre classe sociale, votre statut dans la vie civile, votre appartenance à un parti. Même l'adresse de votre domicile entre en compte. Que vous habitiez la Seine-Saint-Denis ou l'Élysée, votre traitement judiciaire ne sera pas le même. Le tribunal de Bobigny relaxe à tout va des délinquants coupables de violences aggravées ou de trafic de drogue, faute de moyens, de places dans les prisons, et la moitié des peines prononcées ne sont pas appliquées.
Mais quand on tape dans le politico-médiatique, le zèle du juge est exemplaire. Déjà parce que le juge est au-dessus des lois, il peut tout faire, en toute impunité. Il peut trahir le secret de l'instruction en laissant filtrer les informations qui étayeront son désir d'instruire à charge (à décharge, vous n'y pensez pas, la présomption d'innocence n'impressionne plus personne). Il peut aussi convoquer les témoins qui lui chantent, les influencer, les contrôler : le juge Gentil a organisé une répétition générale du personnel de Mme Bettencourt, y compris le fameux majordome qui a balancé l'affaire, la veille de leur confrontation avec Nicolas Sarkozy, histoire de s'assurer de la cohérence de leurs propos.
Est-ce très légal ? Bien sûr. "Juge : personne à laquelle la Constitution et les lois donnent le pouvoir de prendre une décision susceptible d'être exécutée par les forces de l'ordre." La justice est un État dans l'État, et personne n'a rien à y redire. Jamais de sanction contre lui. En pleine affaire d'Outreau, on a envisagé de donner le nom du juge Burgaud à la nouvelle promotion de magistrats. Une manière de distinguer "les qualités et les mérites constatés dans la mission qu'on lui a confiée", sans doute...
Mais, ces temps-ci, notre justice veut faire dans le chic et le choc. Ne parlons pas de l'affaire Sarkozy, dont le prétexte officiel de la mise en examen (l'abus de faiblesse, NDLR) exhale quelques relents délétères. Il n'a rien trouvé d'autre, le Gentil ? J'espère qu'il ne sera pas en charge de la procédure Cahuzac. Encore que... Même notre pauvre Trierweiler est visée par une plainte pour détournement de fonds publics à cause des frais, sentimentalement justifiés, de sa présence à l'Élysée, des six personnes qu'elle a engagées pour sa communication, et de ceux d'une garde rapprochée pour conduire et ramener son garçon de 15 ans au collège dans une voiture du Palais. Plainte déposée au prétexte que la dame n'a aucun lien juridique avec la nation et que le contribuable n'a pas à payer pour elle.
Hélas, selon 20 Minutes.fr, la plainte a été enregistrée le 15 mars au tribunal correctionnel de Saint-Étienne, d'où est originaire le plaignant, et transmise au parquet de Paris. Selon le Code pénal, article 432-15, c'est François Hollande, s'il n'était protégé par son immunité présidentielle, qui serait puni : "Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique [...], de détourner des fonds publics ou privés [...] est puni de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende." Espérons que le juge Gentil aura pris sa retraite en 2017. Ou bien qu'il tiendra compte d'une ancienne jurisprudence de la Cour de cassation qui reconnaît "le concubinage notoire"... et son corollaire, l'assimilation à un seul foyer fiscal, l'une des caractéristiques marquantes de l'ISF.
Notre couple présidentiel doit donc faire masse unique de ses patrimoines respectifs. Et François Hollande a fait une déclaration séparée dont le montant lui fait échapper d'un cheveu à l'ISF. Si Valérie a trois sous, Hollande est bon pour un juge Gentil. Et chacun sait que pour le président, l'ISF, c'est comme la souris ou l'araignée pour d'autres, le frisson d'horreur garanti. Allez, nul doute que son honnêteté et son talent de juriste lui ont fait respecter la loi.
Mais qu'elle est décevante, notre justice actuelle ! Elle veut qu'on reconnaisse son indépendance à tout prix, y compris celui de notre lassitude à la voir se pavaner, se hausser du col pour prouver qu'elle est aussi puissante que les puissants.
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